Considéré comme un critère clé dans l'évaluation de la politique industrielle engagée par le gouvernement, les hauts responsables du pays s'emmêlent les pinceaux en annonçant des chiffres qui souffrent d'un manque terrible de précision sur le taux d'intégration des pièces produites localement. Sur l'usine Renault d'Oran, un projet phare et cher au gouvernement, deux hauts responsables de l'Etat ont avancé en l'espace d'une semaine seulement, des chiffres contradictoires. Estimé autour de 25% actuellement, le taux d'intégration des pièces produites localement dans l'usine Renault de Oued Tlelat (Oran) atteindra progressivement «30% d'ici la fin de l'année, 36% dans deux ans pour arriver à 45% dans les quatre prochaines années», a indiqué hier le président du Groupe public mécanique au ministère de l'Industrie, Bachir Dehimi, sur les ondes de la Radio, chaine III. Il y a une semaine, le wali d'Oran, Abdelghani Zaalane, qui effectuait une visite de travail des projets d'investissement dans la wilaya, avait affirmé à la presse que l'objectif de 43% d'intégration de pièces algériennes dans les véhicules Renault montés dans l'usine d'Oran sera complètement atteint en 2017. Dans cette guerre des chiffres, autour de laquelle la firme française préfère rester à l'écart et communiquer au compte-gouttes, les responsables locaux ou centraux livrent leurs lectures en fonction de la conjoncture et de la qualité des relations entre Alger et Paris. Mais dans l'ensemble, le mot d'ordre est de donner une bonne image de la réussite du projet de la première voiture qui sort d'une usine 100% Bladi. S'exprimant sur d'autres sujet, Dehimi a déclaré que le chiffre d'affaires des investissements réalisés en partenariat avec des groupes industriels étrangers «est de 60 milliards de DA et il atteindra les 100 milliards de DA d'ici la fin de l'année 2017». «Avant la fin de l'année 2017, tous les investissements que nous avons engagés seront opérationnels à 100%, c'est sur cette base que nous préconisons d'atteindre le chiffre d'affaires de 100 milliards de DA», a-t-il déclaré, en précisant que sur les 47 milliards de DA de fonds (dont 4 milliards proviennent de l'autofinancement), 80% ont été déjà engagés. Selon l'invité de la Chaine 3, la sous-traitance et l'augmentation des taux d'intégration sont les axes prioritaires du ministère de l'Industrie. «Il y a un niveau de sous-traitance très important ; en plus d'une vingtaine de projets que nous sommes en train de réaliser avec des PME…, nous avons des partenariats où nous avons atteint pratiquement 68 à 70% de taux d'intégration», a-t-il déclaré. Il cite à titre d'exemple, le taux d'intégration de 68% réalisé à l'unité de production des moissonneuses-batteuses de Sidi Bel Abbès. Interrogé sur l'impact réel de ces partenariats, réalisés dans le cadre du plan d'action validé en novembre 2015 par le CPE (Conseil des participations de l'Etat), le représentant du ministère de l'Industrie a souligné qu'en plus du transfert du savoir-faire, de la réduction des importations et de la création d'un tissu de sous-traitance, ces investissements ont généré 9.000 postes d'emploi directs.