Les mauvaises nouvelles s'accumulent pour l'état des finances publiques. Baba Ammi le confirme explicitement, hier, dans un entretien accordé à l'APS. Subtilement et nuançant parfois ses propos, il annonce un projet de ciblage des subventions et l'épuisement des avoirs du fonds de régulation des recettes pétrolières (FRR). Ecartant des coupes budgétaires dans le cadre de la prochaine loi de finances, le ministre des Finances préfère parler de «stabilisation des dépenses publiques sur les trois prochaines années». Car, pour lui, les coupes budgétaires signifient des licenciements, une hausse du taux de chômage et l'arrêt des projets publics. Le premier argentier du pays soutient aussi que le gouvernement s'est abstenu de lancer de nouveaux projets par souci d'achever ceux qui sont déjà en chantier. S'agissant de la politique sociale de l'Etat, elle sera maintenue, précise-t-il, «tant que le gouvernement n'a pas mis en place un système de subventions efficace». A ce propos, il réaffirme qu'un dispositif de ciblage de subventions est actuellement à l'étude. Et d'ajouter : «Les subventions généralisées qui pèsent lourdement sur le budget de l'Etat ne sont pas équitables, car ne profitant pas toujours aux plus défavorisés». Concernant le Fonds de régulation des recettes (FRR), dont les avoirs s'établissent actuellement à 740 milliards de DA, il sera encore sollicité en 2017 à hauteur de ce même montant pour combler le déficit budgétaire, explique le ministre. Le ministre des Finances s'attend à une hausse des recettes budgétaires qui vont permettre, selon lui, de suppléer progressivement aux ressources puisées jusque-là dans le FRR. Tout en évoquant la question de «la maîtrise des dépenses», Hadji Baba Ammi n'écarte pas «la hausse progressive de la fiscalité ordinaire». Ce qui permettra, avance-t-il, de «réduire progressivement le déficit budgétaire pour les prochaines années». Plus explicite à sujet, il dira que la hausse attendue des recettes de la fiscalité ordinaire sera beaucoup plus le fait de la croissance de l'activité économique et non pas de l'augmentation des taxes prévues dans le projet de loi de finances 2017, notamment la TVA et les taxes sur les carburants. Choc extérieur maîtrisé ? Par ailleurs, Hadji Baba Ammi est revenu sur la gestion des finances publiques surtout dans le contexte actuel marqué par des critiques acerbes émises par des spécialistes. «La gestion des finances publiques telle qu'elle a été menée jusqu'à présent nous a permis de préserver notre économie des chocs extérieurs», estime-t-il, se référant au constat établi par le Fonds monétaire international sur la résilience de l'économie algérienne face au choc provoqué par la chute drastique des cours du brut. Pour étayer son propos, le ministre a cité le niveau bas de la dette permettant, selon lui, à l'Algérie de disposer de possibilités importantes pour solliciter de nouveau des financements extérieurs. «(..) Si la nécessité l'exige, le groupe Sonelgaz peut recourir au marché financier international pour financer son important programme d'investissements» a-t-il argumenté. Malgré cette possibilité, il dira que «les deux groupes publics Sonatrach et Sonelgaz n'y ont pas eu recours jusqu'à présent car le besoin ne s'en est pas fait sentir». Baba Ammi fait savoir aussi que l'ouverture du capital des banques publiques n'est pas à l'ordre du jour en dépit du fait qu'elle ait figuré dans la première mouture de l'avant projet de loi de finances 2017. «Un projet de loi de finances est vivant : Il y a des propositions, des débats et des arbitrages qui se font», clarifie-t-il. Le ministre fait savoir que la possibilité d'agréer de nouvelles banques est possible avec de grandes enseignes internationales sous la forme de partenariat prévu par la loi de finances de 2009, à savoir la règle 51/49%.