Les souscripteurs au programme de logement promotionnel public (LPP) renouent avec les manifestations. Ils étaient plus d'une centaine hier à protester devant le siège de la direction générale de l'entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI), sis à Said Hamdine (Alger). Leur seul mot d'ordre : «la justice». Hier matin à 9h 30, c'était sous un ciel pluvieux que les «LPPISTES» se sont donné rendez-vous pour dénoncer «l'arnaque» de la formule à laquelle ils ont postulé. Parapluie à la main et pancarte dans l'autre, ces derniers scandaient à haute voix : «Nous ne sommes pas des millionnaires» ou encore «LPP, la formule de l'arnaque». En effet, depuis son lancement en 2013, la formule LPP est entourée de plusieurs ambiguïtés. Le prix du mètre carré annoncé à l'époque ne dépassait pas les 45 000 DA, alors qu'aujourd'hui, il a atteint les 100 000 DA le m2. Une augmentation de plus de 100% que les souscripteurs n'arrivent pas à comprendre ni à accepter. Un autre problème est également fortement revendiqué. Il s'agit du recours au crédit bancaire avec un taux d'intérêt de 3%. «Nous n'avons pas les moyens de contracter un crédit bancaire. Une simple simulation à la banque nous a démontré que les mensualités qu'on doit payer chaque mois pour rembourser ce prêt dépassent les 40 000 DA, en plus des frais d'assurance-vie et frais de notaire», nous a indiqué un souscripteur croisé sur les lieux. Selon ce dernier, le prix globale du logement avoisinerait les 1 milliard 200 000 DA pour un F4. «C'est une somme importante que nous ne pouvons pas payer. Nous sommes de simples cadres, nous ne roulons pas sur l'or», a-t-il encore dit. Un autre problème se pose pour les retraités et les futurs retraités qui ont été transférés du programme AADL 2001 et 2002 vers le LPP. Ces derniers se disent désespérés car ils ne peuvent pas contracter un crédit bancaire pour payer leurs logements. «Ils me faut un apport de 500 millions pour que la banque accepte de m'accorder un crédit. Je n'ai pas cette somme. Comment vais-je faire ?», s'est interrogée une autre souscriptrice à la retraite. «Nous n'avons pas choisi cette formule. Nous avons été transférés contre notre gré. Tout ce que nous voulons c'est un toit pour nos enfants et non pas un haut standing», a-t-elle encore ajouté. Pas d'assiettes foncières D'autres souscripteurs dénoncent la non-attribution de leur pré-affectation. «Nous sommes près de 6000 postulants à attendre depuis une année notre pré-affectation», ont-ils dit. L'enpi leur avait promis de régler le problème en septembre dernier, mais rien n'a été fait pour le moment. D'après une souscriptrice, il n'y a pas suffisamment de logements contrairement à ce que le ministère avait annoncé au lancement de la formule. «La demande dépasse l'offre, c'est pour cela qu'il y a eu un déficit de logement au niveau de la capitale», a-t-elle dit. «Je me suis présenté à l'ENPI pour avoir des explications et on m'a bien fait comprendre qu'ils étaient à la recherche d'assiettes foncières», nous a-t-elle confié. Devant cette situation, les souscripteurs se disent lésés. «Nous avons fait confiance à l'Etat et il nous a trahis», ont-ils déploré. Après avoir épuisé toutes les voies de recours, ces derniers se disent prêts à sauter le pas pour une action en justice. Un dossier est en cours de préparation. C'est une affaire de temps pour que cette affaire soit portée devant un juge d'instruction. Les postulants à cette formule ont désigné deux délégués pour demander audience auprès du directeur général de l'ENPI. Mais ce dernier n'a pas daigné les recevoir. Le sit-in des souscripteurs du LPP a été encadré par un important dispositif de sécurité. Après près de trois heures de rassemblement, les éléments de la police ont commencé à disperser les protestataires présents sur les lieux.