A quelques mois des élections législatives, l'Armée nationale populaire (ANP), à laquelle certains demandaient, par le passé, d'intervenir dans le champ politique, vient rappeler ses missions «constitutionnelles». Mieux, dans le dernier numéro de la revue El Djeich, consacré au 62e anniversaire du déclenchement de la Révolution, l'ANP ne se contentera pas de ces rappels loin d'ailleurs d'être conjoncturels, mais s'attellera aussi à pointer du doigt, sans les nommer, ceux qui «sèment la zizanie», accusés de vouloir porter atteinte à la cohésion de l'Armée. «La cohésion entre l'Armée nationale populaire et le peuple algérien ainsi que la loyauté envers la nation sont plus profondes et plus fortes pour être ébranlées par les vaines et désespérées tentatives visant à semer le trouble et la division», tranche la rédaction d'El Djeich. Plus précis, les rédacteurs de la revue de l'armée expliquent que «dans un passé très récent, certaines voix, mues par des intérêts étroits et des calculs personnels, s'étaient élevées, pour appeler ouvertement l'Armée nationale populaire à violer la Constitution et la loi afin qu'elles puissent réaliser ce qu'elles n'avaient pu obtenir par des voies constitutionnelles, légales et démocratiques». On peut aisément comprendre ici que l'allusion vise Mouloud Hamrouche qui n'a de cesse de réclamer à l'ANP de contribuer au «consensus politique». «Il n'y a aucune chance d'instaurer un système démocratique sans l'aval et le soutien actif de l'armée», avait-il affirmé en 2014. Par ses «mises au point», l'ANP veut certainement aussi remettre les pendules à l'heure et répondre par-là même, à ceux qui parlent de l'existence d'une «guerre de clans» au plus haut sommet de l'Etat et dont l'ANP serait un acteur majeur. «Aujourd'hui, après l'échec de ces tentatives désespérées, ces parties, habituées à pêcher en eaux troubles, ne s'embarrassent pas de laisser libre cours à leur imagination, à leurs élucubrations, à leurs interprétations et à leurs divagations en inventant des histoires de toute pièce dont la finalité n'est autre que de vouloir porter atteinte à la crédibilité, à l'unité, à la discipline et l'engagement de l'ANP à accomplir ses missions constitutionnelles», accuse encore l'ANP. Un message codé qui laisse comprendre que cette dernière «pique» pourrait être adressée à Ahmed Ouyahia qui a, lors d'une de ses interventions, et en réponse à l'ex-secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, défendu le général à la retraite Mohamed Mediene dit Toufik, en affirmant qu'«il ne faut pas omettre que derrière l'homme, il y avait des milliers d'officiers et de djounoud qui font partie de l'armée». Et à l'armée d'assurer que «pendant que des voix s'élèvent de temps à autre pour tenter de semer la zizanie et la discorde, l'Armée nationale populaire continue d'accomplir ses missions constitutionnelles avec détermination, persévérance et dévouement, à l'effet de préserver la souveraineté nationale et l'inviolabilité du territoire». «L'Armée nationale populaire, digne héritière de l'Armée de Libération nationale, constitue le bastion qui protège et défend la nation, le bouclier inébranlable qui préserve la souveraineté de l'Algérie et son unité, et le rempart sur lequel se sont brisées toutes les tentatives visant à porter atteinte à sa sécurité et à son intégrité», réaffirme encore la rédaction d'El Djeich dans un article intitulé «ANP : Fidélité aux missions constitutionnelles». L'Algérie a, aujourd'hui «plus que jamais besoin d'une unité nationale solide et d'un front interne puissant, cohérent et unifié, mobilisé autour des efforts fournis par l'ANP afin de sauvegarder la souveraineté nationale et de préserver la sécurité et la stabilité», note El Djeich qui insiste aussi dans son éditorial sur la nécessité de «renforcer la cohésion sociale afin d'éviter la fracture, source généralement de violence, d'extrémisme et de déstabilisation du front interne».