Depuis que le projet de loi a atterri au niveau de l'APN, les violations se multiplient. L'Assemblée populaire nationale (APN) veut expédier l'adoption du projet de loi portant réforme de la retraite. Les débats à la Chambre basse du Parlement sur ce projet au cœur d'un bras de fer entre le gouvernement et les syndicats autonomes ont été réduits à trois jours seulement. Jeudi dernier, les députés ont été informés d'un «changement dans le programme des séances». Et curieusement, le vote du projet qui met fin à la retraite proportionnelle et sans condition d'âge, prévu initialement le 6 décembre prochain, a été ramené au 30 novembre. Les débats commencent demain. Selon Lakhdar Benkhellaf, député du Front pour la justice et le développement (FJD), «l'administration de l'APN a transgressé les délais réglementaires fixés pour l'étude, l'adoption des projets de lois ainsi que l'introduction par les députés de prépositions d'amendements et l'élaboration du rapport complémentaire». Le député d'El-Adala estime que «la durée de trois jours n'est pas suffisante pour l'adoption d'une loi aussi importante, objet d'un désaccord entre le ministère de tutelle et la classe ouvrière de manière générale, les syndicats particulièrement». Benkhellaf, qui dit avoir reçu comme tous les députés le nouveau programme «via un SMS», s'est interrogé sur sa page facebook sur «les raisons de cette politique de fuite en avant et le non-respect du règlement par la commission et l'administration de l'APN ?» Le fait est grave, faut-il le reconnaître, car depuis que le projet a atterri à l'APN, les violations se multiplient. En effet, après avoir fermé la porte aux membres de l'intersyndicale opposée à la réforme de la retraite, la Commission de la santé, des affaires sociales, du travail et de la formation professionnelle a bâclé le rapport préliminaire. «Au moment où nous attendions la poursuite du programme des travaux pour débattre du projet (…) nous avons été surpris par une convocation du président de la commission pour la lecture du rapport préliminaire», avaient dénoncé 8 députés issus du PT, du FFS, d'El-Adala et de l'AAV qui se sont retirés de la même commission. A cela vient s'ajouter la réduction de la durée des débats à trois jours seulement. Preuve que le gouvernement, à travers l'institution législative, veut accomplir son passage en force, malgré la forte résistance des syndicats et les menaces qui pèsent sur la stabilité du front social à cause de la suppression de la retraite anticipée. Joint par nos soins, Boualem Amoura, secrétaire général du Satef, dénonce «une commission et une administration de l'APN aux ordres provenant d'en haut». Les députés de la majorité ne sont pas maîtres de leur décision. L'Assemblée est réduite à une simple chambre d'enregistrement», dit-il. Avant de soutenir que «le combat de l'intersyndicale ne s'arrêtera pas au 30 novembre quel que soit le vote des députés». Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, présentera, demain, son projet en séance plénière de l'APN. Les syndicats, eux, et comme déjà annoncé, vont tenir un sit-in devant l'hémicycle. Mais il est presque certain que les forces de l'ordre ne laisseront pas une action pareille se dérouler sur le Bd Zighout Youcef. Après la grève et les rassemblements des 21, 22 et 23 novembre, l'intersyndicale tiendra ce matin une conférence de presse, avant la reprise du mouvement pour trois jours à partir de demain.