L'Assemblée Populaire Nationale (APN) a été secouée hier par les cris de députés qui ont boycotté la séance plénière consacrée au débat sur l'avant-projet de loi annulant le départ à la retraite anticipée. Ces derniers se sont indignés des conditions «douteuses» dans lesquelles ce texte a été élaboré. Falsification, triche, tromperie… ils n'ont pas mâché leurs mots pour qualifier le comportement des décideurs qui sont déterminés plus que jamais à faire passer cette loi «au-dessus de tout». A peine le ministre du travail, Mohamed El Ghazi, avait-il terminé la présentation de l'avant-projet qu'un chahut a éclaté dans l'hémicycle. Des députés représentant plusieurs formations politiques de l'opposition ont exprimé leur refus de prendre part au débat qu'ils jugent «perdu d'avance», surtout que le ministre n'avait avancé aucun nouvel argument pour appuyer la décision du gouvernement de geler le départ à la retraite anticipée. Il a insisté sur les risques de faillite qu'encourt la CNR durant les prochaines années. Il est également revenu sur les retombées de la crise économique sur les revenus publics. Des arguments qui n'ont pas convaincu les membres du parlement représentant l'opposition. Abdelhamid Aissaoui, membre de l'Alliance pour l'Algérie Verte, parle de complot contre les travailleurs. «Nous refusons de débattre d'un projet de loi qui a été élaboré en l'absence des membres de la commission de la santé, du travail et des affaires sociales. C'est une trahison pour les députés», a-t-il lancé dans le hall de l'APN. Aissaoui trouve injuste que les principaux syndicats ne participent pas à ce débat, car a-t-il dit, «ils sont les premiers concernés. On doit les écouter». Un parlement «sous l'embargo de la police» Le Front des forces socialistes (FFS) évoque quant à lui «un embargo». «C'est une honte pour nous de participer à un débat dans un parlement qui se trouve sous l'embargo de la police», a-t-il tonné. Les syndicats autonomes représentent, selon lui, un nombre important de travailleurs. Les écarter est une façon pure et simple de marginaliser le peuple dans des décisions aussi sensibles. Lakhdar Benkhelaf, porte-parole de la justice et du développement, suspecte la mauvaise foi derrière les objectifs de cette séance plénière. «Tout est décidé d'avance. Ils veulent faire porter la responsabilité aux députés aux yeux du peuple», a-t-il lancé. Le parti des travailleurs (PT) se dit, de son côté, choqué par la manière avec laquelle cette séance a été organisée. «Nous avons fait plusieurs détours pour pouvoir accéder à l'APN. Les agents de sécurité ont vérifié plusieurs fois nos papiers», a confié Rahima Bessa, député du PT. Elle se dit déçue que le dialogue sur ce projet de loi soit restreint. Le PT demande le retrait immédiat de cet avant-projet de loi qui a été élaboré sans document officiel. «Les décisions ont été prises de façon arbitraire», a-t-elle encore souligné. Elle ajoutera que «c'est une honte de réprimer des médecins et des enseignants qui ont manifesté leur mécontentement face à cette loi». Les parti pro pouvoir, à l'instar du FLN, accusent l'opposition de vouloir semer la zizanie dans le pays. «Les partis qui ont boycotté cette séance profitent de l'occasion pour provoquer le printemps arabe dans notre pays», a indiqué Lyes Saadi, membre du FLN. Le problème ne réside pas selon lui dans ces nouvelles lois, mais dans les mécanismes d'application et de contrôle. Il cite à titre d'exemple la loi de finances 2017 qui n'est toujours pas entrée en vigueur, alors que plusieurs commerçants ont déjà commencé à augmenter leurs prix.