Le rôle de l'Algérie dans les processus de décolonisation des pays du continent africain fait l'objet, depuis hier, de plusieurs conférences animées par d'éminentes personnalités nationales et africaines, ainsi que d'universitaires de renom. Sous le thème «Contribution de l'Algérie à la décolonisation en Afrique», ce colloque, qui a lieu à Alger, présidé par le ministre d'état, ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, revient sur la grande influence de la Révolution algérienne sur les processus de libération dans le continent noir. «L'impact de la guerre de libération sur le continent africain est indéniable. Les pays africains, alors sous le joug de la colonisation, se sont tous inspirés de la guerre d'Algérie jusqu'à la hisser au rang d'un modèle de décolonisation, qui a servi toutes les luttes de libération en Afrique», a soutenu Mr Amer Rekhila, conférencier à l'université d'Alger. Lors de son intervention sur «la dimension africaine de la Révolution algérienne et son importance dans le discours et les textes fondateurs», Mr Rekhila s'est particulièrement attardé sur la plate-forme de la Soummam qui, dit-il «a inspiré un nombre important de pays africains qui se sont engagés sur la voie de la décolonisation». Le conférencier a soutenu que ce texte fondateur «incarne une conscience de liberté et de droit à l'autodétermination, qui se sont projetés sur tout le continent, en ce sens qu'il est porteur d'un message universel de droit à l'indépendance». L'impact de ce message libérateur, estime-il encore, a d'ailleurs très vite soulevé de sérieuses craintes chez la puissance coloniale, qui –afin de limiter la portée universelle de la Révolution algérienne–, a mis en place un «groupe franco-africain» dont la mission est d'opérer une vaste propagande visant à atténuer de l'influence de la guerre de libération, en vain.. Conscience africaine Le professeur, Harron Erashid Aziz, chercheur et écrivain sud-africain a, de son côté, mis en évidence la grande portée psychologique de la Révolution algérienne qui a traversé tout le continent noir et même au-delà. Sous le thème fort évocateur «la Révolution algérienne et son impact sur la Conscience africaine», l'éminent chercheur de Pretoria a donné une excellente conférence qui a particulièrement intéressé et ravi l'assistance. évoquant, tantôt Frantz Fanon, et tantôt Steve Biko, une figure de la lutte contre l'Apartheid en Afrique du Sud, l'orateur a soutenu que ces deux personnages emblématiques incarnent à eux seuls toute la conscience révolutionnaire, qui a durablement agi sur les processus de libération qui ont jalonné l'Afrique durant le siècle dernier. «C'est grâce à ces deux figures du militantisme politique que tous les pays colonisés ont pris conscience de leur condition et décidé de briser, par la suite, le joug colonial. Frantz Fanon a découvert l'oppression comme étant une cause additionnelle de troubles mentaux, que l'on retrouve chez tous les pays colonisés», a-t-il fait savoir, avant de trancher : «la décolonisation de l'esprit est le début de la déconstruction du néocolonialisme.» Ce colloque, qui a vu la participation de plusieurs personnalités et acteurs révolutionnaires, a été également l'occasion pour nombre d'intervenants de souligner la solidarité militante entre les acteurs des révolutions insufflées par la Révolution algérienne. Paulo Lara, Général angolais, fils d'un militant de la cause indépendantiste de l'Angola, a ainsi démontré combien le FLN historique et son bras armé l'ALN ont contribué de manière exceptionnelle, à la formation des maquis en Angola et ce, à partir de 1958. «La complicité militante a beaucoup servi les nobles causes de décolonisation en Afrique. Des acteurs de la Révolution algérienne à l'instar de Réda Malek et frantz Fanon ont véritablement inspiré le combat de liberté mené dans mon pays», a-t-il dit. Lors de son intervention, Paulo Lara n'a pas manqué de revenir sur le parcours exceptionnel du journaliste algérien, Boubaker Adjali qui a passé soixante 60 jours dans un maquis angolais. Boubaker Adjali, avoue Paulo Lara, a contribué à sa manière à l'indépendance de mon pays. Il est l'auteur de plus de 200 photographies de guerre, mais aussi, l'auteur du livre : «Va dire ? Neto ... va leur dire.» Autodétermination des états: Lamamra appelle à la solidarité de l'Afrique Le ministre d'état, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, a indiqué, hier, à Alger, que le parachèvement de la décolonisation en Afrique était tributaire de la solidarité et du soutien des peuples du continent à la cause sahraouie. Dans une allocution à l'ouverture du colloque international sur le thème «Contribution de l'Algérie à la décolonisation en Afrique», Mr Lamamra s'est dit convaincu que «le parachèvement du processus de la décolonisation en Afrique et la pleine consécration du droit des peuples à l'autodétermination sont tributaires de la solidarité entre les peuples africains et de leur soutien à la cause sahraouie conformément aux fondements et références de lutte et à la légalité internationale». «Fidèle à ses principes constants et à ses convictions ancrées, quant au soutien au droit des peuples à l'autodétermination, l'Algérie a apporté l'appui nécessaire à bon nombre d'états africains pour le recouvrement de leur souveraineté et leur liberté», a-t-il rappelé, soulignant que cet appui «s'est matérialisé sur les plans politique, diplomatique, militaire, financier, mais aussi de la formation des dirigeants révolutionnaires de ces pays frères, qui ont joué un rôle crucial dans l'indépendance de leurs pays».