Même si la décision ne constitue pas une surprise comme ce fut le cas le 28 septembre à Alger, le fait que des pays non-membres de l'Opep acceptent de réduire leur production est une décision inédite. C'est d'ailleurs l'appréciation faite par le très sérieux Wall Street Journal (WSJ) qui dans son édition d'hier a souligné le caractère «sans précédent» de l'accord. Les pays producteurs de pétrole hors-Opep se sont finalement engagés à réduire leur production de 558 000 barils par jour dans le cadre d'un accord avec les membres du cartel, a rapporté l'APS, citant une source de la délégation algérienne présente sur place. En maturation depuis près d'une année, cette décision a été finalisée lors d'une réunion avec les pays membres de l'Opep visant à réduire la production mondiale de pétrole et soutenir les cours. En fait, les 558 000 bpj consentis par les pays extérieurs à l'Opep représentés à Vienne ont été légèrement en deçà de l'objectif de 600 000 bpj que se sont fixé les pays membres, surtout que la Russie avait donné son accord au préalable pour contribuer à hauteur de 300 000 bpj au cours du premier semestre de 2017. Le baril de pétrole, qui avait atteint les 115 dollars à la mi-2014, a plongé depuis lors sous les 50 dollars, parfois même sous les 30 dollars. Si ce recul des cours a eu pour effet de réduire l'extraction, coûteuse et donc non rentable sous un certain niveau de prix, du pétrole de schiste aux états-Unis, il a également frappé au cœur les pays largement dépendant de leurs exportations de pétrole, à commencer par l'Arabie Saoudite et la Russie. En plus de la Russie, onze pays hors Opep étaient représentés ou avaient envoyé leurs engagements à la réunion de Vienne (Azerbaïdjan, Bahreïn, Bolivie, Brunei, Guinée équatoriale, Kazakhstan, Malaisie, Mexique, Oman, Soudan et Soudan du Sud). Selon le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh, ces réductions de production s'appliqueraient à partir du 1er janvier. Fin novembre, les pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole s'étaient déjà engagés à diminuer leur production de 1,2 million de bpj à compter également du 1er janvier. «C'est une réunion absolument historique qui va porter l'économie mondiale et aidera certains pays de l'Organisation pour la coopération et le développement économique (Ocde) à atteindre leurs objectifs d'inflation», avait commenté le secrétaire général de l'Opep, Mohammed Barkindo, avant la réunion de Vienne. Mais avant de parvenir à ces accords, l'Algérie a dû se battre pour mettre sur une même table de négociations saoudiens et iraniens, irakiens et koweïtiens, et ensuite courir dans tous les sens pour rallier la voix de l'Opep à celles de la Russie et autres pays production qui ne dépendent pas du cartel. Pour ce faire, il aurait fallu mettre sur pied un comité technique de haut niveau, lequel avait «déjà réglé pas mal d'éléments techniques» et proposé, entre autres, que la durée de l'accord soit d'une année à partir de janvier 2017 avec révision au bout de six mois, avait expliqué le ministre de l'énergie, Noureddine Boutarfa. Pour rappel, l'Accord d'Alger, ensuite la rencontre Opep et non-Opep d'Istanbul, en Turquie, le 13 octobre, avaient donné un véritable coup de fouet aux prix du Brent qui ont grimpé jusqu'à près de 53 dollars/baril, un record pour 2016, avant de redescendre à des niveaux plus bas suite à la tension entre Ryadh et Téhéran. Cette fois-ci, les prix ont toute la latitude pour atteindre les 60 dollars/baril prévoient des observateurs. Un couronnement mérité Les architectes de l'Accord d'Alger, notamment le ministre de l'énergie, Noureddine Boutarfa, soutenu par le gouverneur de l'Algérie à l'Opep Mohammed Hamel et le représentant national à l'Opep, Achraf Benhassine, n'ont pas caché, hier, leur satisfaction après la réussite du Sommet Opep - non-Opep. Il s'agit pour eux d'un succès obtenu après des mois d'intenses négociations à différents niveaux. M. Noureddine Boutarfa a participé d'ailleurs activement à la signature de cet accord. Dès son arrivée, vendredi, à Vienne, le ministre de l'énergie, a eu plusieurs séances de travail avec plusieurs membres et responsables de l'Opep. Ainsi, il a rencontré le secrétaire général, Muhammed Barkindo, pour préparer la réunion Opep - non-Opep. Il a eu également des séances de travail, vendredi, avec ses homologues du sultanat d'Oman et du Venezuela en prévision de la réunion Opep - non-Opep. Dans une déclaration faite à la presse, le ministre a rappelé la veille «la nécessité pour les pays Opep et non-Opep de coopérer et de joindre leurs efforts pour stabiliser le marché pétrolier dans l'intérêt des producteurs et des consommateurs». Il s'est dit également optimiste de voir la réunion consolider l'Accord d'Alger et la proposition algérienne. Le ministre de l'énergie a aussi tenu à mettre en avant les efforts conjoints des pays exportateurs de pétrole qui tendent à ajuster leur production en vue de mieux stabiliser le marché. Avant l'entame du meeting, M. Boutarfa Noureddine a eu aussi des consultations avec ses homologues de la Malaisie et de l'Azerbaïdjan. Pour rappel, conformément à l'Accord d'Alger, l'Opep avait décidé, le 30 novembre dernier, de mettre en œuvre un nouvel objectif de production limité à 32,5 mb/j afin de diminuer le niveau des stocks et de rééquilibrer le marché pétrolier. L'Accord entrera en vigueur le 1er janvier 2017. La Conférence a également décidé de créer un comité de suivi de haut niveau composé de ministres de l'énergie de l'Algérie, du Koweït et du Venezuela pour suivre la mise en œuvre de cet Accord. Suite aux recommandations du Comité technique de haut niveau de l'Accord d'Alger, la Conférence a également convenu d'institutionnaliser un cadre de coopération entre l'Opep et les pays producteurs non-membres de l'Opep sur une base régulière et durable. La Conférence a souligné l'importance de l'adhésion d'autres pays producteurs à l'Accord.