Dans l'expectative depuis que le ministère de la Culture a décidé au mois de juillet écoulé de réduire de moitié sa contribution financière au fonctionnement des théâtres régionaux, les travailleurs du théâtre Malek-Bouguermouh ont rompu le silence, jeudi, face à la presse. Le secrétaire général de la section syndicale du TRB, Toufik Mebarki, après avoir rapporté dans le détail la genèse de la décision du ministère de la culture, l'a qualifiée d'inique. «C'est une décision qui va à contresens du discours des pouvoirs publics concernant la culture», déplore le représentant des travailleurs. Le ministre de la culture auquel se sont adressés les travailleurs du TRB aussitôt la décision de réduction de la contribution notifiée, a rencontré les délégués des travailleurs en marge des festivités du 20-Août passé. «Azzedine Mihoubi, auquel il a été exposé toutes les doléances ainsi que les inquiétudes des travailleurs concernant le devenir du théâtre si cette décision est maintenue, a prôné la rigueur budgétaire», soutient Toufik Mebarki. «Le ministre a même recommandé aux gestionnaires du théâtre de réduire les salaires», ajoutera le conférencier. Cependant, les 36 000 000 DA attribués ne suffiront même pas à assurer le salaire des soixante travailleurs du TRB. «Même avec la réduction de nos effectifs de moitié (le TRB sera contraint à la fin de l'année de mettre fin au contrat de vingt-cinq travailleurs, dont huit comédiens, exerçant en CDD Ndlr) comme le prône la tutelle, ceci ne suffira pas à sortir le TRB de la crise. A moins que nous arrêtions de faire du théâtre», soutient, pour sa part, Yacine Boukemouche qui assure l'intérim du TRB depuis le départ en retraite de l'ancien directeur, Omar Fetmouche. Comme pour d'autres secteurs, les pouvoirs publics recommandent aux théâtres régionaux de prospecter des financements à travers des sponsors pour assurer l'autonomie. «C'est une utopie de plus dans une société qui tourne le dos à tout ce qui touche à la culture», soutient Djamel Abdelli, producteur au TRB. Devant cette situation, les travailleurs lancent un cri d'alarme et en appellent à la sagesse de la tutelle de revoir sa décision.