Sourire aux lèvres, c'est ainsi que Djamila Toudert-Aït Ahmed rend hommage à la vie et à la mémoire de son défunt mari, Dda Lhocine, elle qui lui vouait, de son vivant, un amour immense et une admiration sans borne. Hier, vendredi, un an après le décès de Hocine Aït Ahmed, le regard illuminé, elle accueille les centaines de personnes venues se recueillir sur la tombe de son défunt mari. «Il faut sourire, il faut regarder de l'avant, c'est comme ça qu'on rend hommage à nos morts», lance Djamila. Une année, jour pour jour, est passée depuis la disparition de Hocine Aït Ahmed, en Suisse, à l'âge de 89 ans. Une année depuis cette date du 23 décembre 2015 et le hameau d'Ath Ahmed, le patelin du défunt révolutionnaire, ne connaît pas le vide. Habitué aux visiteurs du Mausolée de Cheikh Mouhand Oulhoucine, il est devenu également un autre lieu de pèlerinage pour les militants et les admirateurs du père fondateur du parti politique d'opposition (FFS). «Nous nous attendions à quelques personnes, mais au final depuis jeudi, les gens ne cessent d'arriver en masse, ici à Ath Ahmed pour commémorer le premier anniversaire du décès de Dda Lhou», témoigne un habitant du village Taka dans la commune d'Aït Yahia, soulignant qu'«il n'y a pas une semaine où l'endroit est resté vide, nous observons chaque fin de semaine, un groupe de personnes qui vient se recueillir sur la tombe de Dda Lhocine». Hier, la foule était encore nombreuse. Toute la journée, des groupes arrivent quand d'autres repartent. Dès 8h du matin, des voitures, des bus, des piétons arrivaient de toutes parts. Des villages de la wilaya de Tizi Ouzou, d'Alger, de Béjaïa, de Blida, deTipasa, de Boumerdès, d'El Oued… un an après son décès et en dépit d'une annonce d'un bulletin de météo spécial rigoureux, ils se sont tous souvenus de cet homme, ce révolutionnaire qui a marqué l'Histoire de l'Algérie du 21e siècle. «Nous ne cesserons de garder en mémoire le regretté Hocine Aït Ahmed car il avait, de son vivant, ce que beaucoup ne peuvent pas avoir : une véritable vision démocratique de la politique», dira Bachir, venu à Ath Ahmed par bus depuis la wilaya de Sidi Bel Abbès pour rendre hommage à Aït Ahmed. D'autres comme lui, sont revenus hier, après n'avoir pas réussi à se recueillir de près sur la tombe le 1er janvier 2016. Des dizaines de gerbes de fleurs ont été déposées sur cette pierre en marbre qui couvre la tombe de Da Lhocine et de sa mère, Yamina Belkadèche. Son fils, Jugurtha Ait Ahmed, qui a fait une brève apparition, a exprimé son émotion de voir autant de monde, d'émotions et de sourires. «Une preuve que les gens gardent espoir, un espoir que moi-même je garde et que le FFS garde pour l'avenir», dit-il. La commune d'Ath Yahia continuera d'être le lieu de convergence de plusieurs centaines de visiteurs jusqu'au 1er janvier 2017, date de l'anniversaire de son enterrement. En plus des simples citoyens, d'anciens et nouveaux cadres et militants du FFS étaient également présents hier pour commémorer la mémoire de celui qui est qualifié à juste titre de défenseur des libertés et de la démocratie. Pour la soirée d'hier, et en présence encore de centaines de personnes, en plus de la famille proche et des enfants de Dda Lhocine, une veillée en compagnie des groupes de «Tolba» et de «Lekhouane» a eu lieu. Abdelmalek Bouchafa, premier secrétaire national du FFS: «Il n'y a pas de crise au FFS» «Dda Lhou reposera en paix, tant que son combat se perpétuera», c'est la réponse que nous donne Bouagache Djilali, cousin du défunt Hocine Aït Ahmed à une question sur les conflits qui sont nés au sein du Front des forces socialistes. Il estime que lorsqu'on arrêtera de courir pour gagner des sièges, des postes et de l'argent, «ce jour-là le combat de Hocine Aït Ahmed sera perpétué comme il l'a souhaité», dit-il encore. Hier, tous les membres de la direction nationale du FFS et de nombreuses anciennes figures du parti, telles que Cherif Melbouci, ou le sénateur Moussa Tamadartaza, dont les activités ont été gelées et le premier secrétaire national du parti ont tenté de faire bonne figure. Si ces derniers n'ont procédé à aucune prise de parole officielle lors de la commémoration, Abdelmalek Bouchafa, premier secrétaire national du FFS a soutenu que «la crise au FFS n'existe que dans l'imaginaire de certains». Il nous affirmera : «Le FFS que nous a légué Dda Lhocine est entre de bonnes mains». Parler de crise c'est, dit-il, «donner du crédit à ces partis qui veulent nuire au FFS». Bouchafa estime que «le FFS a été toujours en bonne santé. Il l'est toujours actuellement et le restera». Il a promis dans ce sillage que militants et cadres du parti resteront toujours «fidèles à la ligne et au combat d'Aït Ahmed jusqu'à l'instauration de la 2e République pour laquelle il avait milité durant toute sa vie».