La fusion entre le Front de la justice et de développement (FJD) d'Abbdallah Djaballah et le Mouvement Ennahda relance le débat sur les alliances politiques entre partis issus de la même mouvance. Cependant, les chances de réussite des alliances sont plus fortes chez les islamistes que chez les démocrates, et même chez les partis au pouvoir. En effet, dans la mouvance démocratique, toute éventualité de coalition est devenue presque impossible à cause des rapports très tendus entre les partis issus de cette tendance. Les observateurs et même les militants ne peuvent pas imaginer une alliance entre par exemple le FFS et le RCD qui, même dans leurs fiefs en Kabylie, préfèrent s'allier avec les autres partis au sein des assemblées élues. L'époque des alliances des démocrates, à l'exemple du Mouvement pour la République (MPR) et les états généraux des démocrates des années 90 est plus que jamais révolue. Souvent, le FFS contracte une alliance avec le RND ou le FLN pour contrer le RCD et vice-versa. Le manque de confiance entre les dirigeants des deux partis et les problèmes de leadership ont toujours empêché et empêchent toujours toute forme d'alliance entre les deux partis. En plus de cela, les pratiques internes des deux partis qui se débarrassent de leurs cadres pour de banales raisons rendent difficile toute coalition. Toutefois, certains observateurs estiment qu'une future alliance RCD-FFS est possible. Après la disparition du chef historique du FFS, Hocine Aït Ahmed, et le départ de l'ancien président du RCD, Saïd Sadi, le politologue Abdelali Rezagui soutient que le problème de zaïmisme dans ces deux partis n'existent plus, ce qui augmente, selon lui, les chances d'union des deux partis. Cela s'applique aussi sur les partis au pouvoir qui n'arrivent pas à s'allier. N'était le soutien inconditionnel au chef de l'Etat, le FLN et le RND ne formeront peut-être jamais le même gouvernement. L'on se rappelle comment le FLN a rejeté une proposition d'alliance faite par le RND, et comment le RND a décliné une offre pareille du FLN. Depuis le retrait du MSP de l'Alliance présidentielle en 2012, le FLN et le RND qui se disputent la fidélité à Bouteflika ne se sont jamais rapprochés. La seule mouvance qui fait l'exception reste les islamistes qui en sont à leur deuxième expérience en l'espace de moins de cinq ans. En 2012, dans le sillage des élections législatives, trois partis ont contracté une alliance électorale. Il s'agit du MSP, du Mouvement Ennahda et d'El Islah. Il y a quelques jours, le Front pour la justice et le développement (FJD) d'Abdallah Djaballah et du mouvement Ennahda ont signé un pacte de fusion. La cérémonie de signature s'est déroulée en présence des représentants de presque tous les partis de cette tendance. Un évènement qualifié d'historique et considéré comme un premier pas vers la grande union de la famille des islamistes. «Nous sommes des enfants de la même école et nous avons les mêmes objectifs que ce soit dans la vie ou dans l'au-delà», a lancé Abdellah Djaballah, un des chefs charismatiques des islamistes en Algérie. Mais pour le moment, cette grande union est loin d'être réalisée puisque le plus grand parti islamiste n'a montré aucun intérêt pour le projet. Le président du MSP, Abderrazak Makri, estime que le courant islamiste a besoin de plus d'un parti pour le représenter. Il a aussi écarté toute éventualité d'alliance au niveau du sommet des partis islamistes, préférant laissant le choix à la base, en fonction de l'ancrage des différents partis. Il a présenté un argument de taille : un parti qui a un ancrage dans une wilaya donnée ne peut pas s'allier avec un autre parti qui n'a pas d'existence dans la même wilaya. Abdelali Rezagui estime que l'alliance des islamistes «devient difficile, notamment depuis la chute des frères musulmans en Egypte». Mais il affirme que les partis islamistes en Algérie sont les mieux organisés par rapport aux autres tendances.