Le Front pour la justice et le développement (FJD - El-Adala), un mouvement que préside Abdallah Djaballah, et Ennahda dont il est le créateur également, ont décidé de nouer une alliance qui dépasse le simple cadre des stratégies électorales, et qui soit destinée à sceller leur union dans un seul et même parti, dans le cadre d'"Ennahda historique". Tout en levant définitivement le suspense autour de leur participation aux prochaines élections législatives, les mouvements El-Adala - FJD et Ennahda ont mis en place, en effet, les jalons d'une intégration future lors des réunions simultanées de leurs conseils nationaux (Majliss Echoura) respectifs, tenues vendredi. Ainsi, le conseil national du FJD a adopté le document cadre portant le projet d'union du FJD et d'Ennahda. "Cette décision historique constitue le début d'un processus visant à mettre fin à la division et à la multiplicité des entités du mouvement islamiste dans cette étape de la vie de la nation", selon le CN du parti, dont les membres ont décidé de participer aux prochaines élections, suivant le principe du "moindre mal", comme il en a fait état dans un communiqué. Pour les deux formations, ce projet d'alliance "stratégique" procède des appréhensions créées par la nouvelle loi électorale qui impose à toute formation politique de récolter pas moins de 4% des suffrages, sans quoi elle se verra condamnée à disparaître du champ politique. Mais, selon le député du FJD, Lakhdar Benkhellaf, "c'est une alliance qui va au-delà des prochaines échéances électorales", en ce sens que le FJD et Ennahda ont noué une "alliance d'intégration consensuelle, dont la première étape sera les élections législatives et locales de 2017", a-t-il indiqué. Il a expliqué que ce projet de fusion, qui a fait l'objet d'une préparation de 3 ou 4 mois, est en principe une alliance entre les deux partis pour rassembler les cadres et militants d'"Ennahda historique". Et de préciser que la tenue du congrès de réunification pourrait avoir lieu avant les législatives de 2017, que la dénomination du futur parti sera arrêtée lors de ces assises qui donneront aussi à la future formation politique "des statuts, un règlement intérieur et une vision politique". Les prochaines élections législatives et locales, seront, espère-t-on pour le FJD et Ennahda, une "source d'émulation" car ce cadre reste ouvert à d'autres partis islamistes, à l'exclusion du mouvement El-Islah, dirigé par Filali Ghouini, suite à "son alliance avec le RND", et du MSP qui a estimé que les alliances devraient se nouer au niveau local. En revanche, le mouvement El-Bina, dirigé par le duo Ahmed Dane et Mustapha Belmehdi, des transfuges du MSP, et le FC d'Abdelmadjid Menasra sont considérés "plus proches" d'intégrer le projet de resserrement des rangs islamistes lancé à l'initiative de Djaballah et, donc, de se fondre dans le futur parti islamiste. Amar Rafa