Lynda Koudache est une poétesse et romancière en tamazight. Son dernier roman, intitulé «Thamacahut thaneggarut» (Le dernier conte) a été sacré meilleur roman en tamazight lors de la deuxième édition du Grand prix Assia Djebar. Dans cet entretien, elle nous parle de la littérature et de l'édition en tamazight. Vous êtes la première femme ayant écrit un roman en tamazight, et récemment, vous avez reçu le Prix Assia Djebar. Qu'est-ce que cela vous fait ressentir ? Je suis fière et contente d'être la première femme romancière en kabyle et d'avoir le prix qui porte le nom de la romancière universelle Assia Djebar. Mais ça reste une lourde responsabilité ; je me dis souvent que je viens juste de commencer et que je dois travailler beaucoup pour apporter du nouveau au roman amazigh. Est-il facile de se faire publier en tamazight ? Il ne faut pas oublier que la littérature berbère est très ancienne et son passage de l'oralité à l'écrit est récent. Si on compare l'édition du livre amazigh aux années précédentes, on constate qu'il y a une amélioration avec la naissance de nouvelles maisons d'édition spécialisées en tamazight. Je suis très optimiste pour le roman berbère. La qualité et la pertinence des romans en tamazight qui sont produits en Algérie sont reconnues, mais malgré cela, le lectorat dans cette langue est réduit. Comment peut-on, à votre avis, pousser les gens à lire des romans en tamazight ? Je crois que le problème du lectorat est mondial, et ça revient à plusieurs facteurs. Il y a la nouvelle technologie et le changement du mode de vie etc. Rien n'empêche que nous avons des lecteurs qui s'intéressent à la littérature et qui maîtrisent très bien la langue berbère. Pour attirer de plus en plus de lecteurs, il y a d'abord le rôle des parents qui doivent éduquer l'enfant depuis son bas âge dans un environnement de communication et de lecture en tamazight (les contes). Ensuite, il y a le rôle de l'école qui, à travers le programme scolaire, doit inciter l'élève à aimer la lecture et l'écriture en tamazight. Il ne faut pas oublier également le rôle des éditeurs pour la promotion du livre amazigh, en organisant des rencontres avec les auteurs et en participant dans des salons du livre nationaux et internationaux. Entretien réalisé