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« La littérature amazigh est encore très jeune »
Entretien
Publié dans Horizons le 25 - 05 - 2015

L'écriture de la fiction en kabyle fut longtemps marquée par le poids du politique, est-ce toujours le cas ?
La fiction kabyle d'expression amazigh reste marquée par le poids du politique, même si des récits sont construits sur des thèmes comme l'amour, l'amitié ou la tradition. Pour la majorité des auteurs, cette écriture s'inscrit dans un engagement pour la (recon) quête identitaire amazigh. La forme de l'écriture a évolué pour l'expression politique dans cette fiction. Le roman de Tahar Ould Amar, Bururu, par exemple, traite du terrorisme islamiste qui est un sujet politique. L'émergence et le développement du roman historique, notamment avec Aomar Oulamara, intègre des dimensions politiques dans cette fiction.
Le lectorat, écrivez-vous, est quasi embryonnaire. Pourra-t-il prendre de l'ampleur ? À quelles conditions ?
On peut diviser la question du lectorat en deux parties. La littérature amazigh partage les soucis de la littérature algérienne d'expression arabe ou française. En même temps, elle fait face à des problèmes particuliers. La lecture est une pratique socioculturelle qui n'a pas fait l'objet de recherches conséquentes en Algérie. On utilise des outils d'analyse étrangers pour essayer d'évaluer cette pratique dans notre société, ce qui donne des résultats aléatoires. Les rapports au livre et à la lecture sont différents d'une culture à une autre, d'une société à une autre. On n'a pas encore pensé à construire une politique du livre et de la lecture, en phase avec nos codes socioculturels, qui permettrait l'institution d'un véritable lectorat. A condition que le système éducatif (scolaire et universitaire) mette en place des dispositifs pédagogiques qui permettront de former des sujets auxquels on inculquera une culture littéraire minimale avec une envie et un besoin de lire pour le plaisir, l'instruction et la culture. Actuellement, nos élèves et étudiants lisent pour les besoins de leurs cours et examens. Lorsque ces besoins disparaissent, ils ne lisent plus. Malheureusement, on continue de pratiquer les mêmes méthodes pédagogiques comme si de rien n'était. Les rescapés de ce système sont ceux qui ont la chance de rencontrer des enseignants (de plus en plus rares) qui leur communiquent leur passion de la lecture. Les autres acquièrent le plaisir et l'envie de lire dans d'autres dispositifs socioculturels et dans d'autres environnements. Et on continue de s'étonner que les lecteurs ne soient pas nombreux en Algérie. Ce qui est étonnant, en fait, c'est qu'il y ait encore des lecteurs ! Parmi les problèmes spécifiques au lectorat de la littérature amazigh, on peut citer l'accès au code linguistique, la qualité des œuvres publiées et l'édition. Comparativement à l'arabe et au français, le nombre de lecteurs potentiels sachant lire en tamazight est très réduit. On rappelle que tamazight est toujours facultative à l'école. Même les écoles, collèges et lycées des régions berbérophones ne dispensent pas toutes des cours de tamazight. La fiction romanesque kabyle d'expression amazigh est très jeune. A ce jour, elle n'a pas bénéficié de conditions satisfaisantes pour se développer (critique constructive, promotion, etc.). Ce problème est lié à celui de l'édition. Editer une fiction kabyle est un risque financier sérieux pour un éditeur, notamment lorsqu'il s'agit d'une œuvre d'un auteur débutant ou d'un produit insuffisant d'un point de vue esthétique. Et c'est un parcours du combattant pour l'auteur. Les petites maisons d'édition du secteur privé ne peuvent pas se permettre d'offrir un accompagnement aux jeunes auteurs pour améliorer leurs compétences dans l'écriture littéraire. L'édition publique ne le fait pas. Elle se contente de publier les manuscrits qu'elle retient parmi ceux qui lui sont soumis. Augmenter le nombre de livres édités, même conséquemment, ne va pas contribuer au développement de la littérature kabyle si l'exigence de la qualité n'est pas de mise.
Est-ce que le théâtre intéresse aussi ceux qui écrivent en kabyle ?
Je pense que le théâtre est avant tout une pratique scénique. Ceux qui s'intéressent à ce genre écrivent d'abord pour la scène, même si des pièces sont publiées.
Nous constatons, depuis quelques années, des traductions vers tamazight d'auteurs parfois connus, voire de stature universelle, que peut apporter un tel travail ?
La traduction vers tamazight d'auteurs d'autres cultures ne peut être que bénéfique pour la littérature amazigh. Cela nourrira l'esprit des lecteurs et des auteurs berbérophones et contribuera par cela à une inscription plus universelle de cette écriture kabyle. L'universalité est une des conditions de la viabilité et du passage à la postérité des œuvres littéraires d'aujourd'hui. Une littérature fermée sur elle-même risque la dégénérescence. Le souci actuel est l'absence de spécialistes de la traduction d'œuvres littéraires pour assurer la qualité poétique et esthétique de ces traductions.
Le recours au néologisme est-il un handicap ou une nécessité ?
Un recours réfléchi et modéré à la néologie contribuera à l'enrichissement de la langue d'un point de vue lexical. Un recours abusif à la néologie amène à produire des textes barbares et indigestes. Cela ne sert ni la littérature, ni la langue, ni l'auteur.
On compte peu de romancières mais plus de poétessesî, pourquoi, à votre avis ?
L'existence de poétesses en nombre a sans doute un rapport avec notre histoire, notre culture et le rôle de la femme dans la transmission de la mémoire collective. A ce jour, un seul roman, signé par Lynda Koudache, a vu le jour. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'autres romans d'auteures qui attendent d'être publiés. La qualité de l'écriture de Lynda Koudache peut motiver d'autres femmes à se lancer dans l'aventure de l'édition. Si ce genre ne semble pas investi par les femmes, la nouvelle compte un nombre (relativement) intéressant d'auteures. Avec quelques productions de qualité.
On constate que la majorité des textes sont d'auteurs qui n'ont pas fréquenté les instituts de langue amazigh, quels pourrait être leur rôle dans le développement de cette écriture ?
La vocation des départements universitaires de langue et culture amazighs n'est pas de former des écrivains. Dans les cursus d'études littéraires, on apprend surtout à lire et à analyser des textes littéraires. L'écriture littéraire est surtout une affaire de style, autant dire une question de singularité. Cela ne peut pas s'enseigner dans des cours universitaires. Cela s'acquiert surtout ailleurs. C'est une culture littéraire solide acquise par la lecture, le rêve, l'imagination, le besoin et l'envie d'écrire d'un être qui peuvent le mettre sur la voie de l'écriture romanesque. Que les auteurs de fictions littéraires amazighs viennent d'horizons divers est quelque chose de très bien : les lecteurs plongeront dans des rêves différents, seront confrontés à des visions différentes du monde, etc. L'écriture littéraire ne peut pas s'accommoder d'une pensée unique et d'une écriture plate et impersonnelle.


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