Yasmina Khadra -- Lynda Koudache Les Algériens ont découvert en cette fin d'année trois écrivains qui méritent vraiment d'être lus. L'année littéraire 2016 a été marquée, encore une fois, par le succès phénoménal du Salon international du livre qui se tient chaque année à la Safex d'Alger. Contrairement aux années précédentes, particulièrement marquées par un succès international de romanciers algériens, à l'instar de Boualem Sansal et de Kamel Daoud, l'année 2016 a été un peu avare sur ce registre. Ceci ne veut aucunement dire que le livre en a été le parent pauvre. Tout au long de l'année et plus particulièrement à la veille de la tenue du Sila, des centaines de livres, tous genres confondus, ont été édités. Mais le succès et de débat qui suivent la parution de livres comme «Mersault contre enquête» ou encore «2084, la fin du monde», n'ont pas été au rendez-vous cette année. De même que de grands auteurs comme Rachid Boudjedra, s'est muré dans son silence après la sortie de son «Printemps», aux éditions Barzakh, en 2015. Il va sans dire que ce silence sera éventuellement dû à l'accouchement d'un nouveau roman qui verra peut-être le jour en 2017 pourquoi pas? Rachid Boudjedra étant non seulement un écrivain au talent indéniable, mais aussi prolifique, très prolifique. Quant à Yasmina Khadra, notre écrivain international, sa source d'inspiration n'a pas tari en cette année 2016. L'écrivain algérien le plus lu dans le monde a édité un nouveau roman, qui s'est vendu à des centaines d'exemplaires, à travers le monde. Dans ce livre paru chez Julliard en France et chez Casbah en Algérie, Yasmina Khadra revisite à sa manière un pays pas comme les autres, Cuba. «Dieu n'habite pas La Havane» est le titre très poétique, provocateur même, de cette nouvelle fiction de Yasmina Khadra, qui a fait le bonheur de ses lecteurs. Mais, en dépit de cet énième succès de Yasmina Khadra, le prix littéraire prestigieux que convoite cet auteur talentueux n'a pas suivi. Ainsi, des décennies d'écriture littéraire couronnées par un succès dans les quatre coins du globe n'ont pas abouti à une consécration de Yasmina Khadra par les membres des jurys littéraires récompensant chaque année un nouveau roman. Mais Yasmina Khadra n'est pas le seul grand écrivain maghrébin à avoir subi ce qui s'apparente à une injustice de l'univers littéraire mondial. Des romanciers géants comme les Marocains Dris Chraïbi ou Mohamed Kheireddine ou encore les Algériens Rachid Boudjedra et Rabah Belamri et tant d'autres ont subi le même sort. Mais un Prix littéraire, aussi prestigieux soit-il, peut-il remplacer des centaines de milliers de lecteurs à travers le monde? La réponse à cette question coule de source. Donc, Prix littéraire ou pas, Yasmina Khadra est un grand écrivain algérien, n'en déplaise à tous ses détracteurs. Toujours dans le domaine de la littérature et dans l'univers du roman, les Algériens ont découvert en cette fin d'année trois écrivains qui méritent vraiment d'être lus. Il s'agit des trois romanciers ayant reçu le grand prix du roman Assia Djebar, décerné le 13 décembre dernier à Alger. La première écrivaine n'est autre que Lynda Koudache, auteure d'un roman en tamazight intitulé «Tamachahut tangarut». Cette écrivaine se bat depuis une quinzaine d'années en écrivant en tamazight afin de tenter d'apporter sa touche à cette littérature naissante. Après un premier roman en tamazight «Aachiw n tmes», paru en 2004, Lynda Koudache a récidivé avec ce second roman qui a réussi à arracher haut la main le plus grand prix littéraire en Algérie devant des écrivains-concurrents«redoutables» et guère novices. Tout le mérite de Lynda Koudache réside dans le fait qu'elle a su insuffler à la littérature amazighe un nouveau souffle. D'abord, en s'éloignant de la thématique récurrente, parfois stérilisante qui caractérise une bonne partie des romans écrits jusque-là en langue amazighe, ensuite par le souffle qu'elle a eu en rédigeant un roman qui s'apparente à un véritable pavé, une fresque même, où le style est remarquable, voire exceptionnel, d'après la majorité des critiques ayant eu déjà à se prononcer sur ce livre de Lynda Koudache. Le prix Assia Djebar 2016 a aussi récompensé un écrivain arabophone qui mérite amplement une telle distinction. Il s'agit de l'ancien journaliste Samir Kacimi, qui s'est retrouvé du jour au lendemain au chômage après avoir exercé dans un petit quotidien. L'oisiveté des longues journées sans emploi ont réveillé en lui le «virus» de l'écriture littéraire. Dès son premier roman, «Yaoum rai lilmawt», il est salué par la critique littéraire. Il continue d'écrire des romans pendant une quinzaine d'années jusqu'à ce que le jury du prix Assia Djebar lui décerne enfin un prix qu'il mérite tant. Autant que Djamel Mati, lauréat du même prix dans sa version francophone.