Le Maroc redouble d'efforts diplomatiques en prévision du prochain Sommet de l'Union Africaine qui se tiendra ce 30 janvier à Addis Abeba, en éthiopie. Il s'agit pour le palais royal de réintégrer la première organisation africaine après une très longue absence. à dessein, la démarche marocaine – particulièrement offensive – précède en fait une campagne de lobbying au sein même de l'UA. Campagne qui vise à arracher des soutiens pour pérenniser le statu quo au Sahara occidental, dernière colonie sur le continent africain. L'ambition marocaine de siéger à nouveau à l'UA ne semble pas dépasser ce seul impératif. Vaille que vaille, il compte peser de tout son poids pour préserver sous tutelle les territoires sahraouis, au moment même où la cause indépendantiste du peuple sahraoui gagne de plus en plus l'adhésion des plus grandes institutions mondiales. Le chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, ne s'est pas gêné récemment pour affirmer que la réintégration de l'Union africaine «a pour premier objectif de défendre l'intégrité territoriale». Sans le nommer, par intégrité territoriale, Benkirane parle du Sahara occidental. «Il s'agit de l'intérêt suprême de l'Etat lié à notre adhésion à l'Union africaine qui nous permettra de défendre notre unité territoriale», a-t-il poursuivi dans un entretien qu'il a accordé au site le 360.ma, réputé proche du palais royal. En parallèle, le Maroc a enclenché une vaste opération diplomatique auprès de plusieurs pays africains en vue du Sommet d'Addis Abeba. Selon le 360.ma, «cette mission, confiée à une vingtaine d'ambassadeurs, intervient à la veille d'une nouvelle tournée du roi Mohammed VI qui le mènera, notamment, au Ghana, en Zambie et en éthiopie. les ambassadeurs marocains visiteront une vingtaine de pays africains alors qu'une loi portant ratification de l'Acte constitutif de l'UA sera signée le 20 janvier prochain par le Parlement marocain», écrit encore la même source. «Nous sommes dans une période de consensus national. Sa majesté le roi va se rendre à Addis-Abeba pour défendre l'adhésion du Maroc à l'Union africaine. Il faut qu'il soit armé de tout ce dont il a besoin ou dont il peut avoir besoin. Et les partis sont enthousiastes pour remplir leur mission dans la ratification de cette loi», a fait savoir Abdelilah Benkirane dans son entretien. Est-ce suffisant pour gagner ce pari dont la seule ambition est de maintenir une politique de colonisation au Sahara occidental ? Pas si sûr. L'on ne peut pas faire l'impasse avec un tel mépris sur le droit reconnu du peuple sahraoui à l'autodétermination. De plus, la communauté internationale sait qu'il y a une situation de colonisation dans cette région du monde. Elle adhère et soutient la quête de liberté d'un peuple spolié de son droit élémentaire de vivre librement. D'un autre côté, réduire l'Union africaine à une caisse de résonance, c'est vite aller en besogne. Le Maroc pourrait rapidement se désillusionner face à une organisation acquise au principe de la décolonisation. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a fait savoir, sur ce sujet, qu'il est impératif de parachever le processus de décolonisation en Afrique. Intervenant lors du 27e sommet Afrique-France à Bamako, Sellal a déclaré, samedi, que cette dynamique est venue «consacrer un processus de décolonisation qui a permis à l'écrasante majorité des peuples africains de recouvrir leur indépendance politique et de rétablir leur souveraineté nationale, un processus qu'il conviendra impérativement de parachever pour instaurer une coopération dans toutes ses dimensions».