Si les autorités, par le biais du ministre du Travail, Mohamed El Ghazi, qui invitait hier les syndicats autonomes «à regarder vers l'avenir et oublier le passé» croient en avoir fini avec la réforme de la retraite, le casse-tête de la liste des métiers pénibles pointe déjà son nez. La commission ministérielle ad hoc se réunira aujourd'hui au siège de l'UGTA, à l'effet d'élaborer une liste préliminaire des métiers où le travailleur pourra bénéficier de la retraite avant l'âge de 60 ans fixé par la nouvelle loi. Une liste qui risque de susciter des divisions dans le monde du travail, d'autant que ce sont pratiquement tous les secteurs qui présentent des risques à même de conduire à la retraite avant l'âge légal. En attendant, une source de la centrale syndicale affirme qu'«il y a déjà un accord sur certains secteurs», citant entre autres «l'industrie lourde, la pétrochimie, les travaux publics, le bâtiment et l'activité de marin». «Même dans la santé où il existe un travail de nuit, on peut déceler de la pénibilité», ajoute notre source, sans pour autant préciser les métiers. Cependant, même avec cette liste, la retraite proportionnelle et sans condition d'âge n'est pas garantie pour tout le monde. En effet, le travailleur doit remplir certaines conditions liées à l'âge et à une durée minimale d'exercice. Plus que ça, on parle à présent de «haute pénibilité». Ce qui laisse entendre que les critères de sélection seront plus rudes. La loi 16-15 du 31 décembre 2016 modifiant et complétant la loi 83-12 du 2 juillet 1983 relative à la retraite, publiée dernièrement au Journal officiel, est claire là-dessus. Modifié, l'article 7 de la loi stipule, désormais, que «le (la) travailleur(se) occupant un poste de travail présentant une haute pénibilité peut bénéficier de la pension de retraite avant l'âge prévu à l'article 6 ci-dessus (fixant l'âge de départ à 60 ans, Ndlr), après une durée minimale passée à ce poste». Le même article ajoute que «la liste des postes de travail et les âges correspondants ainsi que la durée minimale passée dans ces postes sont fixés par voie règlementaire». C'est dire qu'après la promulgation de la loi, l'on n'est toujours pas sorti de l'auberge. Le gouvernement se retrouve, une fois de plus devant un ‘'pénible'' test lorsqu'il sera appelé à valider la liste des métiers pénibles et d'en fixer les conditions dans des textes réglementaires. Une démarche qui suscitera sans doute de la résistance chez les exclus. Ajouté à cela, le fait que même au sein de l'intersyndicale autonome, le mot d'ordre de protestation reste d'actualité. Commentant la réunion que tiendra la commission aujourd'hui, Boualem Amoura regrette d'emblée «l'existence d'un fossé entre les partenaires sociaux et le gouvernement». «Comment d'un côté, on appelle au dialogue et de l'autre, on reste sourd en fermant toutes les voies ?», s'interroge le secrétaire général du Satef. Et de se demander encore «quel est ce métier qui n'est pas pénible» aux yeux des gens chargés d'élaborer une liste ? Plus critique à l'égard des autorités, notre interlocuteur estime que «la rencontre El Ghazi-syndicats obéit aux besoins d'apaisement à la veille d'échéances électorales». «Ils ne veulent pas surseoir à leur manière de faire. Après les législatives, on sonnera sûrement la fin de la récréation», fustige M. Amoura.