La Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE) tient aujourd'hui sa première réunion, en prévision des prochaines élections législatives. Instituée par la Constitution de février 2016 dans l'objectif de «consolider la crédibilité des élections et de veiller à leur transparence et probité», la HIISE signe donc son entrée en fonction aujourd'hui 22 janvier. Cette première rencontre intervient après la publication au journal officiel de deux décrets présidentiels portant nomination des 410 membres devant siéger au sein de cette instance présidée par Abdelwahab Derbal qui, rappelle-t-on, n'a pas fait l'anonymat au sein de la classe politique, chez les partis de l'opposition notamment. Ces derniers dans leur majorité ont rejeté en bloc aussi bien l'institution de cette instance que la nomination de Abdelwahab Derbal à sa tête. Qu'ils soient de la mouvance islamiste ou démocratique, les partis de l'opposition ne croient pas à la crédibilité de cette instance, encore moins en sa capacité de surveiller librement les élections. Si certaines formations politiques n'ont pas trouvé prétexte à réagir à cette nomination, la jugeant routinière, le MSP, le RCD et le parti d'Ennahda ont vivement critiqué cette proposition du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Ils ont saisi cette occasion pour rappeler leur demande de création d'une instance d'«organisation» et non pas de surveillance des élections. «Nous avons parlé de la création d'une instance indépendante de gestion des élections. Pour nous, cette instance ne peut être remplacée par une instance de surveillance des élections. Donc, le problème est dans cette instance, sa constitution, ses prérogatives et non dans la personne qui sera à sa tête», avouait Mohamed Douibi, président de Ennahda, avant de fusionner avec le MSP. Même ton chez Abderrezak Makri. Pour le président du MSP, l'enjeu n'est pas lié à la personne de Derbal mais réside dans l'instance elle-même. «Ce sont des procédés vieux et ennuyeux. La seule chose qui peut empêcher la fraude est que le pouvoir décide de ne pas frauder. Si nous décidons de participer aux élections malgré toutes les manigances, c'est pour tester la volonté politique du pouvoir et pour l'empêcher de se délecter d'une élection sans fraude puisque sans concurrence. C'est une résistance politique continue», a-t-il affirmé. Le PT de Louisa Hanoune, quant à lui, s'est limité à relever les incohérences procédurales dans le choix et la nomibation de M. Derbal, alors que le RCD rappelle, comme le MPS, l'exigence de «la création d'une instance permanente de gestion des élections, institutionnellement indépendante du gouvernement et qui sera chargée d'organiser, de gérer et de superviser tous les processus électoraux ainsi que les étapes qui conditionnent leur préparation». Face à cette réticence, les pouvoirs publics tentent de rassurer. Mobilisés en prévision des élections d'avril prochain, les membres du gouvernement multiplient les messages de confiance à l'adresse de la classe politique. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, a affirmé il y a quelques jours que le gouvernement était déterminé à faire des prochaines échéances électorales «un exemple de transparence et d'ouverture» sur la classe politique qui y participe et tous les organes de surveillance judiciaires et indépendants. Abdelwaheb Derbal, lui, a affirmé, dans une déclaration à la Radio nationale, l'engagement de la Haute instance à travailler «avec toutes les parties dans le cadre de la loi», soulignant que la loi organique relative à la Haute instance contient «tout ce qui est à même de garantir la probité» de son action afin d'assurer la régularité des élections.