Personne ne veut rater cet important rendez-vous Qu'est-ce qui justifie cette crainte par anticipation? La réponse peut se trouver dans les propos du président du RCD, Mohcène Belabbès. En ordre de bataille pour les prochaines législatives, les partis politiques placent les premiers jalons pour ces joutes électorales. Effarouchées par le spectre de la fraude, ces formations avertissent, dénoncent et expriment une inquiétude inhabituelle sur cette question. Le président du parti AHD 54, Fawzi Rebaïne, a estimé à ce propos, nécessaire de s'écarter des pratiques politiques qui minimisent l'importance de l'opération électorale notamment pour ce qui a trait à la «fraude et la répartition des quotas». Le secrétaire général du mouvement Ennahda, Mohamed Douibi, a averti pour sa part que cette échéance électorale permettra d'entamer le processus d'édification d'un régime fort et stable ou d'approfondir la crise en cas de fraude. Il est encore temps pour «prendre des mesures à même de garantir la transparence des élections», a-t-il martelé. De son côté, le secrétaire général de l'ANR, Belkacem Sahli, a appelé «les acteurs politiques et la société civile à prendre part à l'opération de surveillance des élections pour lutter contre la fraude en garantissant la transparence et l'intégrité dans les bureaux de vote». Ni les assurances du ministre de l'Intérieur ni le communiqué de la Présidence à l'installation de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (Hiise), n'ont rassuré les prétendants à ces élections. S'exprimant sur le sujet, il y a quelques jours à Alger, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nouredine Bedoui, a affirmé, que la Constitution était «le meilleur garant de l'intégrité» des échéances électorales prévues en 2017. «La Constitution que nous oeuvrons, en tant que gouvernement, à l'exécution de ses dispositions et valeurs est le meilleur garant de l'intégrité des prochaines élections», a déclaré M. Bedoui lors d'une conférence de presse au terme de la réunion gouvernement-walis précisant que le dernier amendement constitutionnel initié par le président Bouteflika, «a institué plusieurs mécanismes» à cet effet dont la création de la Haute instance indépendante de surveillance des élections. Vaine tentative de Bedoui. L'argument de «la Constitution» n'a pas réussi à diluer le scepticisme des partis. Le président de la Haute instance indépendante de surveillance des élections, Abdelouahab Derbal, fraîchement installé, est monté lui-même au front et montré patte blanche pour rassurer. Dans une déclaration à la Radio nationale, il y a quelques jours, Derbal a indiqué «qu'il travaillera avec tous les membres de l'instance et ses collaborateurs pour l'application de la loi», ajoutant que «la lecture de la loi organique de l'Instance permet de découvrir tout ce qui est à même de garantir la probité de sa performance, en vue, a-t-il dit, d'assurer la régularité des élections». Peine perdue, puisqu'il n'a pas réussi à apaiser les craintes des partis. Qu'est-ce qui justifie alors cette crainte par anticipation? Quel sens lui donner? La réponse peut se trouver dans les propos du président du RCD, Mohcène Belabbès. «A chaque échéance, la pression a été exercée de sorte à forger de nouveaux acquis et arracher de nouvelles réformes», a-t-il expliqué. Tout est dit dans cette sentence d'un parti qui, faut-il le souligner, a été dans tous les combats d'émancipation sociale et politique. Il s'agit donc d'une posture beaucoup plus tactique que d'une réelle frayeur. Il faut dire que du chemin a été parcouru depuis l'ouverture démocratique et les acquis ont été arrachés en effet durant les périodes précédant les élections. De l'adoption d'un nouveau découpage électoral au début des années 1990, une batterie de mesures ont été prises, notamment depuis l'année 2004 quand l'APN a voté un amendement de la loi électorale supprimant les bureaux spéciaux. En 2006, l'Algérie adopte pour la première fois l'urne en verre. Un symbole physique dissipant les appréhensions d'une urne bourrée et un effet psychologique sur les votants. S'ensuivent en 2011, la réforme de la loi électorale, la loi sur les partis, les Codes de wilaya et communal et le bouquet de 2016, l'installation de la Haute instance indépendante de surveillance des élections. Une revendication portée haut et fort par les partis de l'opposition. Mais est-ce suffisant pour bannir la suspicion entretenue face à la crédibilité des élections et convaincre l'opposition d'accepter les résultats qui sortiront de l'urne? Pas si sûr, le combat continuera et c'est tant mieux tant qu'il restera dans ce cadre pacifique et strictement politique. Ainsi se construisent les démocraties.