La rencontre, hier à Paris, entre les ministres algérien et français des Finances aura servi de soupape pour décompresser la tension sur le gaz, laquelle est née d'un conflit entre Sonatrach et GDF. «Globalement, nous avons des relations très fructueuses, très confiantes dans les domaines économiques comme dans tous les autres aspects de la coopération bilatérale», a rassuré le ministre français de l'Economie et des Finances, Michel Sapin, cité par l'APS à l'issue de son entretien avec son homologue algérien Hadji Baba Ammi, avant le début de la réunion des ministres des Finances des pays du Forum de dialogue 5+5 des pays de la Méditerranée occidentale. Cette déclaration sonne comme un retour à la normale des relations algéro-françaises, lesquelles sont périodiquement rythmées par des tensions tantôt politiques, tantôt économiques. Le dernier accrochage en date remonte à la semaine passée lorsque Sonatrach a cessé d'approvisionner en gaz le sud de la France. Traversée par une vague de froid qui n'a que trop duré, la France a, par la voix de Engie (ex-GDF) s'est estimée lésée par Sonatrach en l'accusant de ne pas pouvoir assurer ses engagements à cause «de difficultés techniques dans ses propres capacités d'envoi de GNL». Décidée à ne pas se laisser faire, la compagnie algérienne contre-attaque en accusant son client de vouloir exercer des «pressions» sur elle. Le groupe Sonatrach «n'a pas failli à ses engagements contractuels» en matière d'approvisionnement de la France en gaz naturel. «La partie française voulait renégocier les contrats gaziers à long terme avec Sonatrach lorsque les prix étaient bas. Ils voulaient faire pression sur Sonatrach pour renégocier ces contrats», avait relevé une source du groupe national. Et d'ajouter «comme le mauvais temps persiste en Europe alors que les prix du pétrole sont relativement en hausse actuellement, les Français ont besoin de quantités supplémentaires et ont exprimé leurs besoins à la partie algérienne». S'inscrivant dans la logique de l'apaisement, Baba Ammi a indiqué que les domaines de coopération des pays du 5+5 finances sont «très importants», notamment la coopération douanière et énergétique, qui sont les deux points «principaux». Lors de cette rencontre, il est attendu que les ministres du Forum 5+5 finances abordent des questions liées, entre autres, à la transparence financière et à la mise en œuvre des normes et des standards internationaux de transparence définis par le Groupe d'action financière (Gafi) ainsi qu'à la mise en place de dispositifs de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, il est également prévu de passer en revue les engagements pris et les initiatives lancées, sur le plan financier, lors de la Conférence de Paris (COP21) et celle de Marrakech (COP22), afin de rendre les flux financiers et les investissements «compatibles» avec un développement à faible émission de gaz à effet de serre.