Les Lions Indomptables sont champions d'Afrique pour la cinquième fois. Ils ont remporté la finale de la 31e édition aux dépens des Pharaons sur le score de 2 buts à 1 après avoir été menés 1-0 à la mi-temps. Et parce que cette CAN Total, Gabon 2017, a été une compétition étrange avec des résultats peu prévisibles, c'est le «remplaçant» Vincent Aboubakar, dont on pensait au début de la compétition qu'il serait un indiscutable titulaire, qui a marqué les deux buts les plus importants pour le Cameroun. Le deuxième de la finale, décisif pour le couronnement des Lions, après avoir transformé le tir au but décisif contre le Sénégal en quart de finale. Etrange finale. L'austère Hector Cuper avait décidé de changer de tactique pour l'ultime rencontre. La veille encore, il faisait croire qu'il n'avait aucune raison de changer la stratégie défensive de son équipe. Patatras, les coéquipiers de Mohamed El Hadary abordèrent la rencontre comme libérés d'un carcan. Dès la première minute, Mohamed Salah servait Abdalla El Taïb pour un tir stoppé par Fabrice Ondoa. Le match démarrait sur les chapeaux de roue. Tout au long des quarante-cinq premières minutes, les Pharaons allaient gambader sur la pelouse du Stade de l'Amitié dominant des Lions comme désemparés. Et c'est fort logiquement que les Egyptiens ouvraient la marque avec un numéro de Mohamed Salah qui offrait une balle à Mohamed Elneny esseulé dans la surface. Son tir instantané surprenait un Ondoa, sans doute mal inspiré, le ballon passant à l'intérieur, sur sa gauche, alors qu'il s'attendait qu'il parte sur sa droite (0-1, 21'). Les camarades de Benjamin Moukandji n'étaient pas dans le coup, subissaient le jeu d'une équipe attaquant parfois à quatre, situation totalement inédite de la part des Pharaons depuis le début de la CAN. Mais il leur manquait un véritable attaquant. A la mi-temps, au regard de la prestation des deux équipes, personne ne pouvait imaginer le scénario final. Nicolas Nkoulou avait remplacé Adolphe Teikeu, blessé, et Hugo Broos faisait entrer Vincent Aboubakar à la place de Ndip Tambe. Bon coaching comme il est coutume de dire. Moukandjo centrait dans la surface pour celui qui sautait le plus haut, Nkoulou. Ce dernier volait dans les airs pour chercher le ballon qui s'en allait mourir dans la cage d'El Hadary qui n'avait rien vu venir (1-1, 58'). Le match avait complètement changé de physionomie, les Egyptiens retrouvant leur attitude des matches précédents, recroquevillés sur eux-mêmes et, alors qu'on s'attendait à des prolongations, Aboubakar décrochait la timbale envoyant les Lions au paradis des gens heureux. Ainsi s'achevait une CAN Total 2017 au déroulement étrange, surprenant et inattendu. Cinquième victoire dans la CAN après 1984, 1988, 2000 et 2002, désormais à deux longueurs du record e l'Egypte, et, cerise sur le gâteau, la Coupe des Confédérations, en Russie au mois de juin. Hugo Broos, le héros «Dans cette victoire, tous les 23 joueurs ont apporté quelque chose. Sur le banc ou sur le terrain, on fait tous partie de cette équipe. Notre secret, c'était de se fixer des objectifs après chaque victoire. Peut-être étions-nous plus déterminés que les autres ? C'est une équipe de football, mais on dirait une famille. Nous étions 23 frères, et c'est un rêve, quelque chose que je n'ai jamais vécu», souligne Michael Ngadeu qui remercie Hugo Broos. «Beaucoup ne croyaient pas en lui, je l'avoue. Beaucoup de Camerounais l'ont critiqué. Quand je voyais ce qu'on disait sur lui sur les réseaux sociaux, j'avais froid dans le dos... Mais aujourd'hui, nous n'avons rien fait, c'est lui le héros du Cameroun», ajoute Ngadeu. Défaits lors de ses deux face-à-face en finale contre les Pharaons, d'abord en 1986 (0-0, 5-4 t.a.b.) puis en 2008 (1-0), les Lions Indomptables ont enfin pris leur revanche sur leur bête noire, grâce notamment au coaching gagnant de Broos, qui a fait entrer en jeu les buteurs Nicolas Nkoulou (59e) et Vincent Aboubakar (88e). «C'est la victoire du cœur pour cette équipe qui n'avait pas de star. Je les félicite, tout cela est mérité. Pour eux, c'est la meilleure manière de préparer la prochaine CAN au Cameroun», nous confie l'ancien international sénégalais El-Hadji Diouf. Fabrice Ondoa et Christian Bassogog, nommé meilleur joueur du tournoi, sont aujourd'hui des héros. «Avec ce trophée, je suis certain que le peuple camerounais va nous accorder ce crédit qui nous a manqué ces dernières années», conclut Michael Ngadeu. Le Cameroun jouera la Coupe des Confédérations Conséquence de cette victoire camerounaise en finale de la CAN 2017, les coéquipiers de Benjamin Moukandjo rejoignent le groupe B de la prochaine Coupe des Confédérations, disputée en juin prochain en Russie, pays hôte de la prochaine Coupe du monde 2018. Le Cameroun sera opposé à l'Allemagne, l'Australie et au Chili, dans une poule relevée ! Bassogog meilleur: joueur de la CAN Le milieu offensif camerounais, nouveau champion d'Afrique avec les Lions Indomptables, Christian Bassogog, a été désigné meilleur joueur du tournoi. Âgé de 21 ans, il évolue depuis l'été 2015 dans le club danois d'Aalborg. Impressions : Hugo Broos : «C'est un groupe d'amis» «C'est vrai que lorsque je suis arrivé au Cameroun, j'ai dû changer des joueurs âgés, qui n'étaient plus motivés par la sélection. J'ai pris des joueurs plus jeunes. On a fait du bon travail. L'équipe n'est pas encore à son meilleur niveau. Je suis content pour les joueurs. Ce n'est pas un groupe de footballeurs, c'est un groupe d'amis. Prendre une revanche sur des journalistes, c'est le plus stupide qu'un coach puisse faire. Je ne demande qu'une chose, j'espère que la presse camerounaise m'a compris : patience et correction. Je pense que notre relation est bien meilleure qu'il y a un an.» Hector Cuper : «J'ai encore perdu une finale» «Je veux d'abord féliciter le Cameroun. Je ne suis pas triste parce que j'ai encore perdu une finale. Je suis désolé pour les joueurs. Je regrette seulement que nous n'ayons pas pu donner cette joie au peuple égyptien. Bon, je perds encore une finale... Je ne vais pas dire que je suis habitué, mais bon...» Aucun contrôle antidopage positif La Confédération africaine de football (CAF) a publié dimanche sur son site internet un bilan médical de la compétition. Parmi les nombreuses données statistiques sur la compétition, on apprend notamment que 120 tests ont été effectués conformément aux règles antidopage de la CAF, et que sur les résultats des 26 premiers matchs, soit au soir du 28 janvier, après les deux premiers quarts-de-finale, aucun contrôle positif n'a été recensé. Ces statistiques nous enseignent par ailleurs que l'âge moyen du joueur de la CAN 2017 est de 25,2 ans, contre 26 ans lors de l'édition 2016. Le Cameroun, finaliste de l'épreuve ce 5 février face à l'Egypte, possède, avec l'Ouganda, la moyenne d'âge la plus basse : 24 ans.