Le Cameroun a décroché le titre de champion d'Afrique, dimanche au stade de l'Amitié (Libreville), en battant l'Egypte 2-1 en finale de la CAN. Les Lions Indomptables décrochent leur cinquième titre continental, le premier depuis 2002. Menés au score jusqu'à l'heure de jeu, les Camerounais ont fait la différence sur un chef d'oeuvre de Vincent Aboubakar à la 88e minute. Contre toute attente, le Cameroun du capitaine Benjamin Moukandjo a décroché le cinquième titre de son histoire en renversant l'Egypte en finale (2-1) à Libreville. Tous les voyants étaient pourtant au rouge avec l'ouverture du score de Mohamed Elneny (22e) à la conclusion d'un beau mouvement collectif. Seulement, trop repliés dans leur camp avec ce petit matelas, les Pharaons ont laissé les Lions Indomptables les étouffer après la pause. De la tête, Nicolas Nkoulou a d'abord égalisé (59e) en décollant plus haut que tout le monde à la réception d'un centre rentrant côté gauche. Puis, au bout du temps règlementaire (88e), Vincent Aboubakar a exécuté un enchaînement somptueux amorti poitrine - aile de pigeon - reprise de volée, entre deux défenseurs égyptiens, laissant El Hadary cloué sur sa ligne pour faire exulter le stade de l'Amitié acquis à la cause des Camerounais. A la 30e minute de cette finale de la CAN 2017, les larmes d'Adolphe Teikeu n'ont pourtant rien laissé augurer de bon pour le Cameroun. Les Lions Indomptables ont été, à ce moment précis, privés de leur défenseur central, sorti sur blessure quelques minutes plus tôt après une erreur de jugement préjudiciable. Car le tableau d'affichage affichait alors un score de 1-0 pour l'Egypte depuis la 22e minute et le but de Mohamed Elneny. Le joueur d'Arsenal avait ouvert le score sur un mouvement collectif qu'il avait initié, avant de profiter des relais d'Amr Warda, attaquant de fortune pour cette finale, et Mohamed Salah, passeur décisif. Après avoir poursuivi son effort, Elneny a terminé l'action d'une frappe dans la lucarne dans un angle fermé (1-0, 22e). Pas irréprochable, Teikeu lui a laissé le temps de placer son tir alors que le gardien Fabrice Ondoa n'a pas bien bouché son angle.
N'Koulou revanchard Le scénario semblait parfait pour des Egyptiens qui ont alors vite relâché le pressing pour reculer et mettre en place leur bloc défensif. Mais la suite de la rencontre laisse à penser que l'entrée de Nicolas N'Koulou en défense, un joueur revanchard après avoir passé quatre matches sur cinq sur le banc de touche, a donné plus de caractère à une équipe camerounaise timide et maladroite jusqu'alors. Après la pause, il n'y avait qu'une équipe conquérante et c'était bien celle du sélectionneur belge Hugo Broos. Récompensé, le Cameroun a d'ailleurs égalisé grâce à une tête du défenseur lyonnais, resté aux avants-postes après un corner pour décoller plus haut que tout le monde et placer une tête puissante imparable pour le gardien égyptien Essam El-Hadary (1-1, 59e). Ce but a boosté l'ambiance dans un stade de l'Amitié largement dominé par les supporters venus du Cameroun voisin.
Aboubakar pour le coup de génie, Cuper maudit Acculée, l'Egypte a alors totalement subi le jeu et semblé à bout de forces, à l'image d'un Amr Warda, resté de longues secondes au sol perclus de crampes. Et au moment où la prolongation semblait inévitable, Vincent Aboubakar a délivré tout un peuple. Sur un long ballon, l'attaquant du Besiktas Istanbul a contrôlé son ballon de la poitrine, enchaîné par un coup du sombrero sur Ali Gabr avant de reprendre de volée le ballon qui a filé dans le petit filet gauche d'El Hadary, dépité. L'issue de cette finale était scellée : avec une sélection décimée par les absences de cadres et rajeunie, le Cameroun balaie les souvenirs de ses deux précédentes finales de CAN face à l'Egypte, perdues en 1986 et 2008, pour grimper sur le toit de l'Afrique. Le sélectionneur argentin Hector Cuper poursuit lui sa disette avec une sixième défaite dans une finale.
Hugo Broos espère que la presse camerounaise l'a compris C'est vrai que lorsque je suis arrivé au Cameroun, j'ai dû changer des joueurs âgés, qui n'étaient plus motivés par la sélection", a déclaré le technicien des Lions indomptables. "J'ai pris des joueurs plus jeunes. On a fait du bon travail. L'équipe n'est pas encore à son meilleur niveau. Je suis content pour les joueurs. Ce n'est pas un groupe de footballeurs, c'est un groupe d'amis. Prendre une revanche sur des journalistes, c'est le plus stupide qu'un coach puisse faire. Je ne demande qu'une chose, j'espère que la presse camerounaise m'a compris : patience et correction. Je pense que notre relation est bien meilleure qu'il y a un an."
Bon, je perds encore une finale... De son côté, le sélectionneur de l'Egypte a rendu hommage à son collègue. "Je veux d'abord féliciter le Cameroun", a déclaré Hector Cuper. "Je ne suis pas triste parce que j'ai encore perdu une finale. Je sui désolé pour les joueurs. Je regrette seulement que nous n'ayons pas pu donner cette joie au peuple égyptien. Bon, je perds encore une finale... Je ne vais pas dire que je suis habitué, mais bon..." (Cuper avait perdu deux finales de Ligue des champions avec Valence, et celle de la Coupe des coupes avec Majorque, ndlr).