C'était la pire crainte de l'Organisation des pays exportateurs du pétrole (Opep). Mis en stand-by pendant que les prix de l'or noir étaient au plus bas, les puits de pétrole de schiste américain ont repris leur activité dès que le Brent a commencé à prendre l'ascenseur suite à l'accord conclu entre l'Opep et certain pays hors-Opep, dont la Russie, et consistant à baisser la production pour faire remonter les prix. En effet, selon des observateurs, la production américaine continue d'augmenter, amoindrissant ainsi l'optimisme né de la baisse des extractions du cartel du pétrole. «L'annonce de possibles sanctions américaines contre l'Iran ne semblent pas suffire à faire remonter les prix, qui restent en deçà de leurs plus hauts récents», a commenté Michael Hewson, de CMC Markets. «Le nombre de puits a encore augmenté la semaine dernière de 712 à 729 puits actifs», selon les données du groupe privé Baker Hughes, a ajouté l'analyste. Les entreprises pétrolières indépendantes des Etats-Unis, dont les extractions en pétrole de schiste sont plus coûteuses, ont profité de la hausse des prix fin 2016 pour rouvrir les valves, alors que les producteurs du Moyen-Orient s'efforcent au contraire de rééquilibrer le marché mondial en abaissant leurs niveaux d'extraction. Ceci dit, expliquent d'autres experts, dont l'algérien Mourad Preure, les hydrocarbures de schiste développés aux Etats-Unis et qui viennent concurrencer le pétrole et le gaz conventionnels ne vont pas peser lourd sur le long terme. Preure a appelé les pays producteurs, notamment l'Algérie, à «garder leur sang-froid», prédisant que les puits en exploitation en Amérique du Nord vont vite s'épuiser, étant donné que leurs réserves ne représenteraient que 44 milliards de barils sur un total de 1700 milliards que renfermeraient les sous-sols de la planète. Les prix du pétrole reculaient hier en cours d'échanges européens, affaiblis par la vigueur du dollar, et ce, en l'absence de nouvelles informations sur la production. En milieu de journée, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait 55,49 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 23 cents par rapport à la clôture de la veille. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour le contrat de mars cédait 21 cents à 52,80 dollars. Les cours de l'or noir reculaient pour la deuxième séance consécutive, retraçant la hausse de la semaine passée, alors que le dollar se renforce. Si le dollar continue de grimper, il sera difficile de justifier des achats de pétrole avant la publication des données sur les réserves américaines, estiment les experts. La hausse du billet vert, monnaie de référence des cours du pétrole, pèse sur le pouvoir d'achat des investisseurs utilisant d'autres devises pour acheter des barils. Par ailleurs, les données hebdomadaires sur les réserves américaines, publiées mercredi par le Département américain de l'Energie (DoE) et dont la fédération privée American Petroleum Institute (API) donnera ses propres estimations, sont particulièrement attendues en ce moment.