La visite d'une délégation parlementaire algérienne aux USA, quelques jours après l'investiture du nouveau président Donald Trump, n'est pas appréciée par la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune. «Cette visite presque secrète au moment où le nouveau président américain est fortement contesté par son peuple suscite des interrogations», a-t-elle lancé, hier à Zéralda (Alger), à l'ouverture d'une réunion de la Commission ouvrière de son parti. Le 2 février dernier, une délégation parlementaire conduite par Djamel Bouras, vice-président de l'APN, a rencontré à Washington plusieurs membres du Congrès américain. Cette délégation qui a pris part au petit déjeuner national de prière, organisé par le Congrès et auquel était présent le président Donald Trump, est composée de la sénatrice, Hafida Benchehida, du vice-président de l'APN, Djamel Bouras, du porte-parole du RND Seddik Chiheb et du président du groupe d'amitié parlementaire algéro-américain, Abdelkrim Meheni. Mme Hanoune conteste cette visite. «Elle n'est pas faite en notre nom», a-t-elle clamé. «Que l'ambassade américaine à Alger sache que la délégation ne représente pas le peuple algérien et encore moins le Parlement car il est pluraliste», a-t-elle poursuivi. L'oratrice s'est dite «étonnée» qu'un député du RND, par allusion à Seddik Chihab, «soit impressionné» par Donald Trump. Elle s'interroge si les membres de la délégation avaient «l'audace» d'interroger les responsables américains sur les rapports accablant l'Algérie élaborés par les institutions officielles de leur pays. «On n'a pas entendu parler de telles interrogations mais ils prétendent que les USA sont les amis de l'Algérie», a-t-il affirmé. Pour elle, cette prétention que les USA et l'Algérie sont des amis est soit «une moquerie», soit «une naïveté politique» soit «une ignorance» de la réalité. Preuve en est, a-t-elle argué, mêmes les alliés européens de l'administration américaine ne sont pas épargnés par Trump. Dans ce contexte, Louisa Hanoune explique que le seul ami des USA est «l'Etat colonial d'Israël». La patronne du PT a, en outre, évoqué longuement la situation économique, sociale et politique du pays. Elle a estimé que la campagne électorale pour les élections législatives du 4 mai prochain va se dérouler dans un climat «très tendu» à cause notamment «de la colère citoyenne provoquée par la dégradation des conditions de vie et le gel de centaines de projets». Selon son analyse, les législatives du 4 mai 2017 seront différentes de toutes les élections législatives organisées depuis 1997 en raison du contexte national et régional dans lequel elles vont se dérouler. «Les forces de régression veulent s'accaparer la majorité des sièges de l'APN pour aggraver davantage la situation», a-t-elle soutenu, en dénonçant la campagne médiatique dont bénéficie le FLN. L'oratrice a affirmé que la Haute instance indépendante de surveillance des élections ne pourra rien faire dès lors que son président, Abdelouahab Derbal, a avoué qu'il n'a aucune prérogative concernant le vote des corps constitués, que l'assainissement du fichier électoral ne peut pas se faire dans moins de cinq ans et qu'il ne peut pas agir contre la fusion entre l'argent et la politique. «C'est un aveu d'impuissance», a-t-elle lancé. A l'adresse des cadres de sa formation, Mme Hanoune a lancé que «notre stratégie électorale doit prendre en compte toutes les éventualités, y compris celle de l'explosion sociale». «Le chaos n'est pas inéluctable car la majorité du peuple n'a pas encore dit son mot (…). Notre rôle est d'éviter au pays tout dérapage», a-t-elle fulminé, en dénonçant «les politiques destructrices du gouvernement». Selon elle, il y a quelques ministres qui résistent, citant le défunt Bekhti Belaïb (ancien ministre du Commerce) et Abdelmadjid Tebboune (qui assure l'intérim), «mais cela ne peut pas à lui seul stopper le mal qui gangrène les institutions du pays», a-t-elle soutenu.