La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, est revenue hier, lors du forum de la radio locale de Tizi Ouzou, sur plusieurs sujets politiques nationaux, notamment sur les prochaines élections législatives du 10 mai. Elle considère la participation de sa formation politique à ces joutes électorales plus qu'impérative, tout en avertissant que «le risque de la fraude électorale n'est pas à écarter». Aux yeux de l'oratrice, et usant d'un ton alarmiste, ce n'est pas la présence des observateurs étrangers qui garantira la transparence des élections. «Les encadreurs des élections n'ont pas changé depuis 1995. Ce sont ceux-là mêmes qui ont fraudé par le passé et à chaque élection. Leur départ est obligatoire pour garantir une élection crédible. Car il s'agit d'un rendez-vous décisif pour le devenir de la nation. C'est une chance pour le peuple algérien d'élire une assemblée constituante et d'aller vers une deuxième république», dira Louisa Hanoune. Cette dernière citera plusieurs autres «indices» d'une fraude électorale. Elle est revenue à l'occasion sur l'inscription en masse des militaires dans certaines wilayas du pays sur des listes électorales, notamment dans le Sud. «Normalement, la radiation d'une liste électorale d'une personne ou bien son inscription dans une autre liste est une procédure individuelle. Ce n'est pas une tâche de l'administration», fait-elle remarquer. La porte-parole du PT a dénoncé aussi l'utilisation par des ministres candidats des moyens de l'Etat pour les besoins de leur campagne. Elle dira aussi que «les ministres candidats doivent se mettre en congé durant la campagne électorale». Louisa Hanoune a dénoncé aussi le financement anarchique des campagnes électorales. Questionnée sur ses «accusations» de financement de pays étrangers de certains partis de la mouvance islamistes, l'invitée de la radio a précisé qu'elle «n'a accusé aucun parti islamiste». «J'ai déclaré que le parti tunisien Ennahda et le parti islamiste égyptien ont été financés par les USA et le Qatar. A aucun moment, je n'ai cité une formation politique algérienne. J'ai évoqué seulement le déplacement de trois responsables politiques algériens dans un pays du Golfe», ajoute-t-elle. Le phénomène du nomadisme Sur un autre volet, Louisa Hanoune n'a pas été tendre envers le FLN et le RND qu'elle accuse d'encourager le phénomène du nomadisme politique. «L'Algérie est presque le seul pays en Afrique qui n'interdit pas le nomadisme politique. La Mauritanie a adopté, il y a deux mois, une loi dans ce sens. Mais en Algérie, les députés du FLN et du RND se sont opposés farouchement à l'interdiction de ce gendre de comportement de certains élus malhonnêtes. Le président de l'APN, M. Ziari, encourage le ralliement de nos élus au FLN. Même Bouteflika a souhaité bannir ce genre de comportement, mais les élus de ces deux partis l'ont refusé à l'APN». Au sujet d'une victoire des islamistes, notamment le MSP, lors des prochaines législatives, Louisa Hanoune s'est montrée confiante. «Les islamistes n'ont jamais été majoritaires en Algérie. Même en 1991, il n'y avait que 25% des Algériens qui ont voté pour le FIS et c'était dans une conjoncture particulière où les Algériens ont voulu sanctionner le parti unique. Cette fois-ci aussi, les Algériens voteront contre le gouvernement dont le MSP fait partie», a laissé entendre la première responsable du PT. S'agissant de la création de nouveaux partis, Louisa Hanoun a considéré que ce n'est nullement une combine du ministre de l'Intérieur. «Après plus de 10 ans d'interdiction de création de nouveaux partis politiques, le ministère de l'Intérieur n'arrive plus à contrôler les nouvelles formations», disait-elle. Par contre, elle a dénoncé avec véhémence 16 nouveaux partis d'avoir payé des jeunes chômeurs pour la validation de leur congrès constitutifs. Notons que le leader du Parti des travailleurs se présentera comme tête de liste dans la wilaya d'Alger pour briguer un quatrième mandat consécutif à l'APN. «J'ai décidé de ne pas me présenter, mais les militants du PT ont exigé ma présence au Parlement», expliquera Louisa Hanoune.