Moins d'une semaine après que les avocats de Kamel-Eddin Fekhar ont manifesté leur inquiétude quant à son état de santé, rendu «critique» par sa grève de la faim, c'est au tour d'Amnesty International d'interpeller les instances de la wilaya de Tamanrasset sur le sort de quatre manifestants qui risquent six mois de prison. La cour de Tamanrasset se prononcera aujourd'hui dans l'affaire des quatre personnes ayant organisé un sit-in en janvier dernier, dans la commune de Gataâ El Oued, afin d'exiger la construction d'un dispensaire dans leur quartier. Accusés de «violation de propriété» et d'incitation à «attroupement non armé», ces manifestants risquent jusqu'à six mois de prison. A cet effet, Amnesty International interpelle, dans un communiqué rendu public hier, les autorités de la wilaya de Tamanrasset et les appelle à abandonner les charges retenues contre les quatre accusés. «Amnesty International appelle les autorités à abandonner les accusations d'incitation à attroupement non armé, et à réformer la législation nationale pour qu'elle respecte la liberté de rassemblement», lit-on dans le communiqué. Ces quatre personnes n'ont, au regard d'Amnesty International, fait que «manifester pacifiquement le 10 janvier 2017, dans le quartier de Gataâ El Oued, pour demander la construction d'une clinique et la mise à disposition des habitants d'autres services et infrastructures publics». Des revendications qui semblent légitimes. «Accusés d'incitation à attroupement non armé, ils risquent jusqu'à six mois de prison et 5000 dinars d'amende» note-t-on. Les quatre manifestants sont également accusés «d'entrée par effraction sur le terrain et occasionné des dommages». Le propriétaire des lieux avait déposé une plainte également. Les deux premières audiences ont eu lieu les 29 janvier et 8 février, «sans que les prévenus n'aient d'avocats pour les conseiller ou les défendre» assure Amnesty International. Les accusés pour leur part dénoncent «une machination de la justice à leur encontre». Contacté, Dahmane Zenani, l'un des accusés et membre du mouvement «Ma Frat», a expliqué que «les habitants de ce quartier organisaient quotidiennement, depuis un mois, des sit-in pacifiques sur une parcelle de terrain qu'ils ont eux-mêmes aménagée. Ils n'ont fait que demander la construction d'un dispensaire». Militant opposé au projet de gaz de schiste, il avait passé six mois de prison en 2016, suite à une condamnation en rapport avec une autre manifestation dans la ville. Zenani assure que «les autorités, complices de la mafia du foncier, sont en train de provoquer les habitants de Tamanrasset. Cette mafia sème la zizanie au sein de la population de Tamanrasset afin de les distraire en créant des opportunités pour récupérer un maximum de terrains. Nous allons leur résister et notre mouvement continuera», dira-t-il.