Dans le chapitre réservé à la liberté d'expression, l'ONG souligne que «des journalistes, des caricaturistes et des militants, entre autres, ont fait l'objet de poursuites pénales pour injure, diffamation et autres chefs d'inculpation similaires». Dans un communiqué rendu public hier, Amnesty International (AI)considère que «la répression est en hausse en Algérie». «Les autorités algériennes doivent mettre fin à leurs efforts inlassables pour faire taire de paisibles manifestants», a déclaré cette ONG avant le début du procès de quatre manifestants de la ville de Ouargla, poursuivis pour avoir participé à des manifestations contre le chômage à Hassi Messaoud. Tahar Belabes, membre du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), et trois autres militants du même Comité ont été accusés d'avoir participé à des «rassemblements non armés» en 2015. S'ils sont reconnus coupables, ces manifestants pourraient être condamnés à un an de prison. Pour AI, «emprisonner Tahar Belabes et ses collègues simplement pour avoir participé à des manifestations pacifiques serait une attaque scandaleuse contre le droit à la liberté d'expression et de réunion». Leur seul «crime», indique la même source, semble le fait qu'ils ont milité pour les droits des chômeurs. «Ils ne devraient même pas être jugés, les accusations portées contre eux doivent être abandonnées immédiatement», a soutenu l'ONG, qui souligne que «sept manifestants purgent des peines d'emprisonnement d'un an à Tamanrasset, au sud du pays, pour avoir manifesté contre le chômage, le gaz de schiste et pour avoir le droit de travailler dans les sociétés minières opérant dans la région». Amnesty International les considère comme «des prisonniers d'opinion». «Les autorités algériennes semblent recourir de plus en plus aux poursuites judiciaires comme un moyen de faire taire les manifestants», estime cette ONG, qui s'inquiète que la répression soit de plus en plus importante. Amnesty International a rendu public son rapport annuel sur les droits de l'homme au début de l'année. Dans la partie consacrée à l'Algérie, l'organisation non gouvernementale parle de restrictions touchant la liberté d'expression, d'association et de réunion par les autorités. En janvier, lit-on dans le rapport qui traite de l'année 2015, «des manifestations sans précédent ont eu lieu dans le sud de l'Algérie contre la fracturation hydraulique pour l'extraction du gaz de schiste». «Au moins 25 personnes ont été tuées et d'autres blessées en juillet lors de violences intercommunautaires dans la vallée du M'zab, à 600 kilomètres au sud de la capitale», ajoute le rapport qui décrit le contexte algérien avant de souligner l'interdiction qui frappe la liberté de réunion. «Les autorités ont réagi à des manifestations contre le chômage dans la ville de Laghouat, dans le sud du pays, en interpellant des militants et des manifestants pacifiques, dont ceux qui protestaient pour signifier leur solidarité avec des militants emprisonnés». «Certaines des personnes arrêtées ont fait l'objet de poursuites pénales pour, entre autres, participation à des ‘‘attroupements non armés''», note Amnesty International, qui cite les cas de Mohamed Rag, de Belkacem Khencha et d'autres membres du CNDDC, condamnés à des peines d'un à deux ans de prison, dont certaines ont été réduites en appel. Dans la partie réservée à la liberté d'expression, l'ONG souligne que «des journalistes, des caricaturistes et des militants, entre autres, ont fait l'objet de poursuites pénales pour injure, diffamation et autres chefs d'inculpation similaires». «En février, un tribunal d'Oran a déclaré Mohamed Chergui coupable d'atteinte au Prophète Mohamed à la suite d'une plainte de la direction du journal pour lequel il travaillait, El Djoumhouria, à propos d'un article qu'il avait rédigé en se fondant sur des recherches universitaires sur l'islam conduites à l'étranger», ajoute la même source, qui s'appuie sur le cas de Hassan Bouras, responsable régional de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), arrêté par les forces de sécurité en octobre 2015 dans la ville d'El Bayadh. Sous le coup d'une information judiciaire pour «outrage à corps constitué» et pour avoir «incité des citoyens ou habitants à s'armer contre l'autorité de l'Etat ou à s'armer les uns contre les autres» — des chefs d'inculpation passibles de la peine de mort —, «Hassan Bouras était toujours en détention à la fin de l'année 2015». Amnesty International aborde aussi les événements de Ghardaïa : «A la suite d'affrontements meurtriers intervenus dans le nord du Sahara, les forces de sécurité ont arrêté 25 personnes à Ghardaïa en juillet de cette année-là.» L'ONG rappelle qu'une information pour «terrorisme» et «incitation à la haine» a été ouverte contre les personnes appréhendées, parmi lesquelles Kamaleddine Fekhar et d'autres militants engagés en faveur de l'autonomie de la région du M'zab. «Ces personnes étaient toujours derrière les barreaux à la fin de l'année 2015», note le rapport.