Fodil Assoul a obtenu un grand succès, mardi après-midi, lors de la présentation de son one man show «Zalamite». Présenté au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi, le monologue «Zalamite» (allumette) de l'humoriste Fodil Assoul, est un pur moment de délire. Le public peu nombreux à cette représentation n'a, toutefois, pas cessé de rire aux éclats durant plus d'une heure de spectacle. A 15 heures exactes, Fodil entre sur scène. De l'ambiance, des danses, des folies donnent d'emblée le ton hilarant du spectacle. «Zalamite», c'est l'histoire de cet Algérien irritable qui s'emporte facilement pour un oui ou un non. «On me surnomme Zalamite car je m'enflamme facilement. Faut pas me chercher, pas m'énerver…», entonne Fodil, avec des clins d'oeil et des tics typiquement algériens. Campant son rôle à merveille, Fodil est parfois disjoncté, en perpétuel quête de lui-même dans une société où tout est «normal», mais quelques fois, il monte au créneau, change de personnage et s'attaque à toutes les classes sociales. Du politique à l'écrivain philosophe, personne n'échappe à son humour, qui souligne avec cruauté, folie et désespoir, l'absurdité de la situation algérienne actuelle qui «respire la bureaucratie» et aspire, dit-il, «illogiquement la modernité». Dans un moment de totale inspiration, Fodil enchaîne les farces en ce jour du 14 février, qui a le malheur de coïncider avec la Saint-Valentin. Sous une lumière tamisée, le comédien se déplace sur scène, en campant Mustapha et Hanane à la fois, un couple amoureux qui fête l'amour. L'artiste n'hésite pas à jouer avec son ombre en faisant des mouvements et en poussant des cris qui feront éclater le public de rire. Petit de taille, homme trapu, Fodil possède une énergie fulgurante et surtout un humour exceptionnel. Il se sert de son corps comme unique objet de présentation, puisque la scénographie de ce spectacle ne comporte qu'une valise posée au milieu de la scène et où, Fodil va de temps en temps, ouvrir pour y pousser un grand cris de soulagement. Parce que le théâtre est le meilleur miroir de la société, pas question de mâcher ses mots quand on veut aborder des tabous. Fodil casse, démolit et ravage tout ce qui lui passe sous la main. De toute façon «dans notre pays, t'as le droit de parler jusqu'à ce que tu crèves», lance-t-il. Il racontera des aventures rocambolesques dont celle de son professeur de sciences, un petit peu femmelette, celle d'un certain chercheur scientifique mondialement «connu, reconnu et inconnu dénommé Hammoud Boualem…» Fodil Assoul a, également, évoqué sa famille, notamment son grand-père, ce «grand sage qui a tenu à laisser à l'humanité un petit florilège de pensées truculentes» à travers deux beaux livres abordant la philosophie de la vie à l'algérienne et «l'habileté» dans le «pillage de Sonatrach». Un spectacle vivant, qui change à chaque fois et qui est adapté selon les situations et selon le public. «L'humour est un produit périssable, il faut actualiser la blague et la pirouette car l'Algérien est un blagueur. Il faut aussi ramener du nouveau à chaque fois tout en étant clair et honnête. On a une part de responsabilité à travers l'humour, et il y a des sous-textes et des messages envoyés bien évidemment», nous dit-il à l'issue du spectacle. «Je prends des notes à chaque fois et le one man show est très difficile. C'est pour cela que j'ai pris tout mon temps à le faire. J'espère aussi préparer une autre tournée à l'étranger.» Un grand comique Campant plusieurs rôles dans différentes pièces théâtrales, Fodil Assoul a été découvert par le grand public dans l'émission «Ki hna ki nass» (KHKN), diffusée pendant le mois de Ramadhan dernier sur la chaîne de télévision privée KBC. L'humoriste est devenu depuis le nouveau prodige du one man show algérien. Surnommé l'Electron libre, Fodil se produit en freelance, autofinance la plupart de ses projets et se bat pour un théâtre universel. Né en 1975 à Barbacha, au sud de la wilaya de Béjaïa, ce jeune metteur en scène et auteur, diplômé de l'Institut supérieur des métiers des arts et de l'audiovisuel (ISMAS) a lui-même écrit et mis en scène ce monologue, en collaboration avec le Théâtre régional Abdelmalek-Bouguermouh de Béjaïa et l'association Afennan en 2013. Ce spectacle a été pensé pour coller à l'actualité culturelle du pays avec, en cours de route, quelques petites retouches.