L'ouvrage de Mohamed Amine «Le commerce extérieur d'Alger à la veille de 1830» remet les pendules à l'heure et éclaire sur un pan de l'histoire de la ville d'Alger à cette époque. L'auteur évoque le contexte socio-économico-politique de cette période à la veille de l'intervention des Français, en axant sur l'activité commerciale extérieure de la cité d'Alger. Pour la préfacière, Mme Fatima-Zohra Guechi, il est essentiel de rappeler les nouveautés de cet essai par rapport à d'autres écrits sur le sujet, notamment ceux de l'historien Mohamed Larbi Zubayri. Pour Mme Guechi, «trois thèmes sont abordés dans ce livre. Tout d'abord, la géographie des échanges commerciaux, qui traduit déjà la primauté de l'Europe sur le Machrek dans lequel s'inscrit le centre de l'Empire ottoman en ses marges (Izmir, Smyrne, et Alexandrie, par exemple). Ensuite, les techniques et la pratique du commerce qui se révèlent sensiblement les mêmes que celles en usage dans les ports méditerranéens et ottomans de l'époque et, enfin, les acteurs, commerçants et négociants. Mohamed Amine accorde une attention particulière aux commerçants algériens, musulmans, décortiquant minutieusement leurs livres de compte et expliquant le peu de visibilité. Il les met en regard avec leurs partenaires et leurs concurrents. Ils sont appréhendés à partir de leurs notes et documents et nous sont, de cette manière, mieux connus, inscrits dans le contexte politico-économique de l'époque (1792-1830). L'auteur se garde, toutefois, de faire des généralisations par manque de données suivies dans le temps». Alger la redoutable Cet essai bien documenté sur la base d'archives informe sur l'activité commerciale extérieure d'Alger avant la colonisation. Celle-ci, en récession et tributaire des corsaires, semblait peu consistante, alors qu'au XVIIe siècle, cette période est celle d'Alger la redoutable où les corsaires de la ville avaient semé la terreur partout dans la Méditerranée, en saccageant les navires marchands ennemis et en réduisant à l'esclavage des milliers de chrétiens (environ 35 000 captifs au milieu du XVIIe siècle). Mohamed Amine a évoqué cette activité en quatre grands chapitres, notamment, intitulés : «Conditions et mouvements des échanges entre le XVIIe et XVIIIe siècles», «Géographie des échanges (commerce avec l'Occident, l'Empire ottoman, le Maroc, le Sahara et le Soudan), «Moyens et aspects techniques de l'activité commerciale» et «Les commerçants à Alger (musulmans, juifs et européens)». Cet ouvrage, édité par les éditions Barzakh, comprend les sources du manuscrit ainsi qu'une bibliographie des ouvrages imprimés et des abréviations. A travers cet aspect, l'historien fait un tour d'horizon sur les différentes populations d'Alger, dont les Turco-Ottomans et les Kouloughli formant la caste dominante, les Baldi ou gens du pays (autochtones arabes et berbères), les Andalous, les descendants des musulmans chassés d'Espagne après la chute de Grenade en 1492, les Barrani qui sont les populations venues des diverses régions de la Régence et considérées comme étrangers (barraniya). Ce sont les Mozabites, Laghouatis, Djidjeliens, Biskris et Kabyles. En outre, l'auteur indique avec précision et moult détails la position géographique, sociale et historique d'Alger comme cité importante du Bassin méditerranéen. Régence d'Alger Dans ce livre, qui nous plonge dans la Régence d'Alger, l'historien tente d'être impartial pour ne pas verser dans le subjectivisme. Il ne se prononce que sur la base d'ouvrages de recherches, documents et archives. Il est à noter que l'historien Mohamed Amine est spécialiste de l'histoire économique et sociale de l'Algérie ottomane et des relations Maghreb/Machrek, à l'époque moderne et contemporaine. Membre du laboratoire Hipaso (histoire, patrimoine et société) de l'université Constantine 2, il enseigne, également, à l'université Sidi Mohamed-Ben Abdellah de Fès. Il a à son actif de nombreuses publications.