Au centre de la polémique après ses propos sur la colonisation qu'il a qualifiée de «crime contre l'humanité», Emmanuel Macron tente de ne pas offenser grand monde, mais ne recule pas. Le candidat d'En Marche ! aux élections présidentielles en France ne cède pas à la pression, malgré le tollé et la colère que ses déclarations ont suscités de droite comme de gauche. «Je ne vais pas retirer mes propos, m'excuser, ou faire moi-même de la repentance», a déclaré l'ancien ministre de l'Economie, samedi lors d'un meeting qu'il a animé à Toulon devant près de 1200 personnes, selon des médias français. Le jeune candidat de 39 ans compte, donc, assumer jusqu'au bout ses propos, bien qu'il se soit rétracté sur l'expression préférant «crime contre l'humain» au lieu de «l'humanité». Une différence que les observateurs n'ont pas manqué de relever. Façon pour lui d'atténuer, un tant soit peu, la lourdeur de ce que sa phrase pourrait avoir comme conséquences. Aux rapatriés, aux harkis, et aux anciens soldats, le fondateur du mouvement En Marche ! a estimé que «la responsabilité de la France était de les réconcilier», tout en les exhortant à «ne jamais céder à la haine». Par cet appel, Macron répondait aux participants à la manifestation qu'organisait en marge de son meeting le Front national de Marine Le Pen, protestant contre sa venue et lui demandant des excuses. «Je veux réconcilier le pays avec son passé, avec son Histoire. Je sais, vous allez me dire, pour cette semaine, c'est raté (…) Je vais vous dire, je vais continuer. Parce que ce qui m'intéresse, c'est construire l'avenir dans notre pays», a encore clamé Emmanuel Macron, qualifiant de «fausses polémiques» le tapage qui a suivi ses propos, entretenus, a-t-il dit par «le microcosme politico-médiatique». C'est ainsi que le candidat porté deuxième derrière Le Pen, par les sondages, est passé à l'offensive contre ses deux rivaux, reprochant aux «marchands de la haine» du FN d'empêcher la démocratie de «fonctionner». Avant de s'en prendre à François Fillon et à la droite, un «camp affaibli par les affaires». Cependant, l'ancien ministre n'a pas voulu ignorer tous ceux qu'il aurait blessés avec ces déclarations, les prisonniers du passé qui n'arrivent toujours pas à digérer l'indépendance de l'Algérie, plus d'un demi-siècle après. Usant de son habituel lexique «mais en même temps», il n'a pas hésité à s'excuser pour avoir fait du mal à certains. «Parce que toutes ces mémoires sont complexes, parce qu'il y a ce fracas des mémoires, je sais que j'ai blessé (…) (et) je suis désolé de vous avoir blessés, de vous avoir offensés, de vous avoir fait du mal. (…) Pardon pour les passionnés, pardon de vous avoir fait mal, parce que ça n'est pas ce que je voulais». Plus que ça, Macron, dans un exercice visant à donner de la sincérité à ses explications va ressusciter le général de Gaulle, lorsqu'un certain 4 juin 1958 à Alger prononcera sa phrase historique «je vous ai compris !». «Ma responsabilité, c'est de casser ces blocages. (…) Donc, je le dis aujourd'hui, à chacun et chacune dans vos conditions, dans vos histoires, dans vos traumatismes, parce que je veux être président, je vous ai compris et je vous aime», a lancé le candidat d'En Marche !, faisant enflammer la salle qui scandera d'une seule voix «Macron président». Selon le sondage Ipsos publié en fin de semaine, Emmanuel Macron a recueilli 23% des intentions de vote, derrière Marine Le Pen (26%), mais devant François Fillon (18,5%).