L'eurodéputé français Vincent Peillon a annoncé dimanche soir sa candidature à la primaire présidentielle du Parti socialiste. L'ancien ministre de l'Education s'est posé en garant du rassemblement et en défenseur du bilan de François Hollande. Cet homme de 56 ans était en retrait de l'arène politique depuis son départ du gouvernement en mars 2014. Il défiera notamment dans le scrutin des 22 et 29 janvier ses anciens collègues Manuel Valls, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon. Des rivaux qu'il a implicitement critiqués dimanche en se présentant comme "le candidat d'une éthique politique" et de la loyauté envers M. Hollande. "Je suis parti du gouvernement avant ceux qui peut-être n'ont pas l'air de vouloir soutenir leur propre bilan", a-t-il rappelé sur France 2. Sur France 2, M. Peillon a dit ne pas avoir prévu d'être candidat. Il estimait "que le président de la République devait porter les couleurs de ce bilan et définir le nouveau projet", a ajouté ce héraut des "hollandais" qui affirme avoir pris sa décision le soir de l'annonce du chef de l'Etat, le 1er décembre dernier. "Je pensais que c'était à lui d'assumer devant les Français son bilan", a-t-il expliqué, estimant que l'Histoire saurait lui rendre justice. "Les jugements sur sa personne comme sur son action sont injustes. Il y a un seul pays en Europe qui a maintenu sa cohésion sociale, son niveau de Sécurité sociale, qui a même créé des postes de fonctionnaires, qui a fait de nouvelles conquêtes de protection sociale", a dit Vincent Peillon. "En même temps qu'on a réduit les déficits, on a maintenu notre modèle social et même on l'a fait progresser", a-t-il insisté. Vincent Peillon, qui fut l'artisan de la réforme contestée des rythmes scolaires, a concédé "des erreurs". "Moi je veux être le candidat du rassemblement. Le rassemblement (...) pour gagner, parce qu'on à l'extrême droite, elle est haute (...), la droite de M. Fillon qui est en train d'affirmer des choses d'une dureté incroyable", a-t-il plaidé "La primaire est une machine à fabriquer de l'unité". Le nouveau candidat a dit n'avoir "aucun ennemi ni dans la primaire, ni à gauche et dans le camp des progressistes". Il s'est dit prêt à travailler avec Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, des "personnes de valeur", qui ne concourent pas dans la primaire. Depuis décembre 2014, Vincent Peillon, docteur en philosophie, était professeur associé à l'université de Neuchâtel, avec pour spécialité l'histoire de la démocratie. Conforté par les sondages dans sa position de troisième homme de l'élection présidentielle de 2017, Emmanuel Macron a fait samedi une démonstration de force. Lors d'un meeting géant à Paris, il a déroulé son programme de "candidat du travail". Lui qui a longtemps entretenu un faux suspense autour de son ambition élyséenne est cette fois entré de plain-pied dans la campagne. "Nous sommes ensemble ce soir 15'000", a lancé l'ancien ministre de l'Economie à la foule réunie au Parc des Expositions de la capitale. Il s'agit du plus grand meeting à ce jour de sa campagne entamée le 16 novembre par l'annonce de sa candidature. "Il n'y a pas de fatalité, il y a une espérance", a-t-il déclaré dans un discours prononcé sur un ton enflammé. "Ce rêve fou, vous êtes en train de le réaliser", a ainsi clamé un Emmanuel Macron qui a reçu le soutien de quelque 120'000 adhérents (gratuits) à son mouvement, En Marche !. Après le triomphe de François Fillon à la primaire de la droite et du centre, Emmanuel Macron est mesuré à la troisième place dans les sondages, derrière l'ancien Premier ministre et la présidente du FN Marine Le Pen, mais devant Manuel Valls, qui a quitté Matignon la semaine dernière pour se lancer, et le candidat de "La France insoumise", Jean-Luc Mélenchon. Entre deux salves d'applaudissements et durant plus d'une heure quarante, Emmanuel Macron a déroulé ses mesures, organisées autour d'une idée-force: "libérer" et "protéger", pour "réconcilier notre pays avec le goût du risque". Dans cette perspective, il s'est posé en "candidat du travail", en refusant l'idée selon laquelle la robotisation en sonnerait le glas. Il propose de continuer à réduire le coût du travail pour les entreprises mais compte transformer le crédit d'impôt compétitivité-emploi (Cice), créé sous le quinquennat en cours pour améliorer la compétitivité des entreprises, en allègement de charges pérennes. La durée légale du temps de travail resterait de 35 heures, mais les modalités d'application seraient fixées par des négociations de branches ou d'entreprises. Il a réaffirmé son idée de remplacer les cotisations d'assurance chômage et maladie des salariés par une hausse de la contribution sociale généralisée. Seuls les 40% de retraités les plus modestes et les chômeurs seront épargnés par cette hausse. Sécurité et social Après avoir promis d'aller "plus loin" dans la décentralisation et s'être de nouveau prononcé en faveur d'une autonomie des universités, des établissements scolaires, des hôpitaux, afin de "libérer les territoires", Emmanuel Macron a décrit ses "trois "boucliers, de sécurité, social et européen". Dans son allocution, il a ainsi fait l'éloge des fonctionnaires, dont François Fillon veut réduire le nombre de 500'000. Lui embaucherait ainsi 10'000 policiers et gendarmes supplémentaires de 2017 à 2020. Il a également redit sa volonté de réinventer une "police de proximité" et de "rebâtir le renseignement territorial". L'ancien ministre entend que les entreprises qui licencient plus que les autres ou qui recourent excessivement aux contrats courts se voient imposer un malus tandis que celles qui privilégient l'emploi durable bénéficieraient d'un bonus. La protection de l'assurance chômage sera étendue à tous, notamment aux indépendants, aux artisans, aux petits commerçants, aux auto-entrepreneurs qui n'en bénéficient pas. Les salariés qui démissionnent auront le droit de bénéficier de la protection de l'assurance chômage dans la limite d'une fois tous les cinq ans pour éviter les abus. "Plus personne ne parle d'Europe" "Plus personne ne parle d'Europe", a-t-il enfin déploré, en invoquant notamment la nécessité d'une "politique commerciale" commune pour faire face à la "concurrence déloyale des Chinois et des Indiens". "L'Europe est notre meilleure protection (...), notre identité, notre rêve commun", a-t-il souligné. Dans les semaines à venir et jusqu'à fin janvier, M. Macron doit poursuivre le "déploiement de son programme", selon son entourage, avec des annonces davantage axées sur le "régalien" (justice, défense...) puis le "sociétal", et un "meeting important mi-janvier en province". De même source, Emmanuel Macron a déjà levé 3,7 millions d'euros auprès de 12'000 donateurs et espère récolter 9 millions d'euros en tout. Le tout sera complété par un prêt bancaire personnel de 9 millions d'euros. Le maire de Lyon, Gérard Collomb, l'un des caciques du Parti socialiste qui soutient de longue date l'ancien banquier de 38 ans, a estimé qu'un "mouvement des progressistes" était né. "Vous avez vu le monde qui est ici ? Qui aujourd'hui est capable de rassembler un force aussi grande ?", a-t-il dit à la presse.