Fidèle à sa doctrine libérale, le Fonds monétaire international a dressé hier une évaluation plutôt pessimiste sur les perspectives économiques de l'Algérie. En effet, dans son rapport semestriel sur les perspectives économiques mondiales publié hier, le FMI s'attend à un ralentissement de la croissance de l'économie algérienne en 2017 après un rebond enregistré en 2016. Le Fonds table désormais sur un tassement de la croissance à 1,4% en 2017 contre 2,9% prévus en janvier. Le FMI n'écarte pas que cette tendance baissière se maintiendra en 2018 à 0,6%. Cette prévision est presque identique à celle émise par la Banque mondiale qui, dans un rapport rendu public lundi, a prévu un taux de croissance du Pib réel en moyenne de 1,2% durant la période 2017-2019, et une croissance de 1,5%, et qui va se réduire à 0,6% en 2018 avant de remonter à 1,5% en 2019. Pour la Banque mondiale, la baisse prévue de la croissance en Algérie serait le résultat du rééquilibrage des finances publiques dans un contexte baissier des cours du pétrole qui exige une réduction et une rationalisation des dépenses publiques. Tout en appuyant ses prévisions pessimistes, le FMI prévoit un taux d'inflation de 4,8% en 2017 et 4,3% en 2018. Le solde du compte courant a représenté -16,4% du Pib en 2016, un peu plus que ce qu'a projeté le FMI dans ses prévisions actualisées de janvier à -15,1%. Le déficit du compte courant devrait ensuite se réduire davantage à -12,3% en 2017 et à -10,2% en 2018. Le FMI s'attend également à une hausse du chômage en Algérie en 2017. Ce taux sera de 11,7% contre 10,5% en 2016. Il devrait encore progresser en 2018 à 13,2%, ce qui est une première pour l'Algérie qui a connu un taux de chômage stable ces dix dernières années, parfois à moins de 10%. Un rapport en préparation Le FMI prépare un rapport détaillé sur la situation économique du pays, dont la publication est programmée en mai, suite à la mission effectuée en mars dernier en Algérie. En attendant la publication de cette expertise, le Fonds ne se prive pas de formuler les solutions à adopter pour faire face au choc pétrolier. A ce titre, il a préconisé un «redressement graduel» de l'économie algérienne, tout en plaidant pour la préservation des acquis sociaux. Pour le Fonds, l'Algérie peut se permettre d'engager «un redressement un peu plus progressif des finances publiques, étant donné son niveau bas d'endettement et ses avoirs appréciables en réserves de change. Une gamme plus large d'options de financement est proposée, y compris celle de faire appel à des emprunts extérieurs et à la cession d'actifs publics. «Le défi consiste donc à choisir une combinaison de politiques économiques qui facilite l'adaptation économique durable au moindre coût en termes de croissance et d'emplois», soulignent les experts du FMI. Les prévisions émises par le fonds sont presque similaires à celles émanant de la Banque mondiale qui, dans son rapport rendu public lundi, a anticipé sur un ralentissement de l'économie en 2017 sous l'effet du rééquilibrage des finances publiques. La BM, dans son rapport de suivi de la situation économique de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, publié lundi à Washington, a appelé à «maintenir la dynamique politique en faveur des réformes économiques», et à la mise en place d'un système de transferts monétaires bien ciblé et la poursuite d'une campagne médiatique de grande envergure. Certaines de ces mesures devraient être mises en œuvre à moyen terme, a recommandé encore la BM.