Quatre jours après la grandiose marche du MAK à Tizi Ouzou, réclamant l'indépendance de la Kabylie, le parti majoritaire sort de son mutisme. C'est à partir de la wilaya d'Aïn Témouchent, où il a animé, hier, un meeting électoral, que le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, a réagi au slogan du mouvement séparatiste, sans le citer. «Ni le régionalisme, ni la langue ne peuvent séparer les Algériens. Nous sommes tous des Algériens», a-t-il lancé. Ce 20 avril, à l'occasion du double anniversaire du printemps berbère et du printemps noir, le MAK a drainé des milliers de personnes dans la ville des genêts. Pour le FLN, cette mobilisation ne peut remettre en cause l'unité nationale. Ould Abbès a longuement insisté sur les principes de l'intégrité territoriale du pays et de l'unité du peuple algérien. Le patron du FLN n'a pas manqué l'occasion pour réitérer ce qu'il pense être une évidence, à savoir que le FLN d'aujourd'hui et le même que le FLN Historique. «L'acte de naissance du FLN est daté du 1er novembre 1954. Nous avons la légitimité. Le FLN est le fondateur de l'Etat algérien», a-t-il souligné. Dans son discours à Aïn Témouchent, Ould Abbès a marqué un petit recul par rapport à ses assurances quant à la victoire de sa formation. Ainsi, au lieu de l'affirmation, il utilise le conditionnel. «Si nous remportons les législatives, nous assurerons la stabilité et la sécurité du pays. Une victoire avec une majorité absolue aux échéances du 4 mai nous permettra de rester présents dans la mémoire du peuple pour une centaine d'années», a-t-il assuré. L'orateur a affirmé que les moudjahidine doivent remettre le flambeau à des mains sûres parmi les jeunes. Après la fin de son meeting à Aïn Témouchent, le patron de l'ex-parti unique s'est dirigé directement vers la wilaya limitrophe de Tlemcen où il a animé son second meeting électoral de la journée d'hier. Le témoin tant recherché Dans sa wilaya natale, Djamel Ould Abbès a tenté de prouver qu'il était bien moudjahid et ancien condamné à mort, démentant ainsi les moudjahidine qui ont contesté son passé durant la guerre de libération nationale. Devant l'assistance, il s'est longuement attardé sur le combat mené contre l'occupant français dans cette région, affirmant que «les moudjahidine présents dans la salle, et dont je connais la majorité d'entre eux, peuvent témoigner de la barbarie des forces coloniales et du dur combat mené contre elles par tous ceux qui sont tombés au champ d'honneur et ceux et celles encore vivants, et ce, sous la direction du parti FLN et sa branche armée l'ALN». Il abordera ensuite la polémique qui le vise à propos de son passé. Et pour la première fois, le patron du FLN appuie son argumentaire par le témoignage d'un ancien condamné à mort. Il s'agit de Hadj Bali, auteur de plusieurs publications sur la guerre de libération nationale, qui lui a apporté un témoignage «précieux» appuyé par des documents historiques. Le témoin a relaté, dans son intervention, le parcours d'Ould Abbès, exhibant à l'assistance un document dans lequel il est rapporté et décrit les circonstances de son intégration au mouvement national et à l'ALN et «sa condamnation à mort par contumace par la justice militaire française». Une copie de ce document a été remise à la presse. Il citera même le nom du chahid Chibane qui lui aurait remis un pistolet Mauser allemand de calibre 9/43 à un moment où le fils de ce chahid est monté sur la scène pour confirmer la version de Hadj Bali. Reprenant la parole, le SG du FLN a appelé les citoyens à aller aux urnes massivement pour exprimer leurs voix le 4 mai prochain. «L'Algérie est visée par des ennemis visibles et invisibles, et seule l'unité du peuple pourra déjouer les plans diaboliques qui se trament contre le pays», a-t-il soutenu.