Djamel Ould Abbès est au cœur d'une polémique. Le passé du patron du FLN, précisément à l'époque de la guerre de libération nationale (1954-1962), suscite des suspicions et des interrogations. Alors que d'anciens moudjahidine confirmés contestent son prétendu passé révolutionnaire, lui affirme à chaque fois qu'il était moudjahid et ancien condamné à mort par la France coloniale. «Je suis un martyr vivant !» a-t-il martelé à ses contradicteurs. Hier encore, au lendemain de la publication d'une lettre de Abdelkader Guerroudj, ancien condamné à mort, Ould Abbès est revenu à la charge à partir de Mostaganem où il a animé un meeting électoral. «Je suis un moudjahid et un ex-condamné à mort. J'ai milité à Mostaganem avec le chahid et membre de l'Organisation spéciale (OS), feu Belabbès, un héros très connu dans toute cette région. Nul ne peut remettre en cause mon passé historique et mon combat aux côtés de mes frères et sœurs moudjahidine et chouhada pour la libération du pays», a-t-il lancé. Le patron du FLN a réagi aux propos du moudjahid Abdelkader Guerroudj, ancien condamné à mort, qui a adressé une lettre au ministre de la Justice à propos du passé d'Ould Abbès. M. Guerroudj demande de connaître la date et le lieu de l'arrestation de Djamel Ould Abbès, l'attentat qui lui aurait valu cette condamnation, le lieu de sa détention, le nom de son avocat et la date de sa libération. Il a affirmé qu'en sa qualité d'ancien condamné à mort, il n'a jamais eu connaissance de la condamnation de Djamel Ould Abbès ni de ses faits d'armes durant la guerre de Libération. Mais il n'est pas le premier à contester le passé du SG du FLN. Avant lui, c'est le moudjahid Abdelkader Abid, dit El Berkchi, qui a affirmé qu'Ould Abbès est étranger à la Révolution. «Tout ce qu'il a avancé sur ses pseudo-activités de moudjahid ne sont, pour ma part, que pures affabulations. Djamel Ould Abbès - installé alors à Aïn Témouchent en 1966 - s'arroge donc une qualité qui ne lui appartient pas. Sur ce, je ne peux, et avec moi tous les moudjahidine de la région, que m'élever contre un tel comportement dénué de morale», a-t-il écrit. Il a expliqué qu'Ould Abbès n'a jamais rencontré Larbi Ben M'hidi et Rabah Bitat à Aïn Témouchent. «Libre à Ould Abbès de se faire passer pour ce qu'il n'est pas, mais qu'il fasse de cette ignoble pratique (l'usurpation de qualité) un raccourci vers la respectabilité, l'instrumentalisant à ses fins propres, cela relève de l'escroquerie (…) Pour avoir alors moi-même accueilli et abrité ces valeureux hommes dans la wilaya (les moudjahidine de Aïn Témouchent en témoigneront), je vous mets au défi de citer un seul moudjahid qui puisse se rappeler vos rencontres avec ces grands militants et de nous dire dans quelles circonstances elles avaient eu lieu», a-t-il ajouté dans une sorte de défi lancé au patron de l'ex-parti unique. Pour le moment, les témoignages en faveur d'Ould Abbès ne se bousculent pas au portillon. Du côté de l'association des anciens condamnés à mort et du ministère des moudjahidine, c'est le silence radio. Nous avons sollicité l'avis de Abderrahamne Belayat, militant du FLN depuis plus d'un demi-siècle. Il affirme que durant toute cette période, il n'a jamais entendu parler d'un ancien condamné à mort qui réponde au nom de Djamel Ould Abbès. «Un vrai condamné à mort ne le crie pas sur tous les toits», a-t-il argué, précisant qu'il y a deux catégories de condamnés à mort : ceux qui ont été arrêtés, emprisonnés et condamnés après avoir subi toutes les souffrances, et ceux qui ont été condamnés par contumace. Cela veut-il dire qu'Ould Abbès a été condamné par contumace ? «Je ne dis pas ça», a-t-il répondu, appelant les associations de condamnés à mort à ne pas se taire sur pareils cas. Depuis plus de 30 ans, Djamel Ould Abbès est dans les rouages de l'Etat. Pourquoi n'a-t-il pas alors exhibé sa qualité de moudjahid et d'ancien condamné à mort pendant tout ce temps, attendant d'être nommé à la tête du FLN pour le faire ? Le 28 février 2016, le wali d'Alger avait inauguré un musée dédié aux condamnés à mort durant la guerre de libération nationale, en présence du président de l'Association nationale des anciens condamnés à mort, Mustapha Boudina et de Djamel Ould Abbès, présenté par l'APS comme président d'honneur de l'association.