Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, ne rate aucune occasion pour titiller son alter ego du FLN, Djamel Ould Abbès. « Au RND, nous ne sommes pas de ceux qui affirment que nous resterons 100 ans au pouvoir. C'est le peuple à travers les urnes qui décidera du sort de chaque parti», a lancé le chef du RND hier lors d'un meeting populaire organisé à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, en réponse à la dernière déclaration du patron du FLN, Djamel Ould Abbès, qui n'a pas hésité à affirmer lors d'un meeting la semaine passée à Sétif que «le FLN qui a libéré le pays en 1962 gouvernera l'Algérie pour les 100 ans à venir». Une sortie qui avait suscité un tollé général chez l'opposition mais aussi au sein de son allié le RND, en témoigne la sortie d'hier d'Ahmed Ouyahia, qui n'a pas hésité à affirmer que «seul le peuple à travers les élections choisira le parti qui accédera au pouvoir et combien de temps il restera ; au RND on estime qu'un parti qui sera au pouvoir grâce aux élections doit accepter de revenir dans l'opposition en cas de défaite», sinon, ajoute-t-il, à quoi servent la démocratie et l'organisation des élections si on dit qu'on va rester 50 ou 100 ans au pouvoir ? Profitant de la tribune d'hier, Ahmed Ouyahia, qui s'exprimait dans une salle archicomble, a tenu à décortiquer les points essentiels du programme de son parti en affirmant que le RND, un parti qui milite pour la stabilité et l'unité du pays, est favorable à une gestion décentralisée des affaires des collectivités en accordant, selon ses dires, plus de pouvoir et de prérogatives aux APC et aux APW, citant l'exemple de tajmaât en Kabylie, une organisation ancestrale qui intervient dans la gestion et surtout le règlement des conflits au sein des villages. Ahmed Ouyahia, qui a tenu à affirmer que le RND compte des «adversaires mais jamais d'ennemis politiques» va par contre s'opposer à «toute tentative de partition du pays», car selon lui, c'est l'ensemble du peuple algérien qui a lutté pour l'indépendance du pays. «Lorsque la France a débarqué en 1830, ils étaient 15 000 moudjahidine venus de Kabylie pour défendre la patrie qui s'appelait l'Algérie. Ces valeureux moudjahidine n'ont pas attendu que l'armée coloniale atteigne leurs villages dans la haute montagne pour se mobiliser», lance Ouyahia en citant également l'exemple de feu Hocine Aît Ahmed qui avait appelé, selon lui, les militants du FFS à ne pas répondre aux «sirènes du Printemps arabe et aux convoitises de l'Otan afin de sauvegarder la stabilité et l'unité du pays. C'est cette stabilité et cette unité qui nous ont coûté 500 jeunes victimes en octobre 1988 et plus de 200 000 morts lors de la décennie noire que nous devons protéger». «Le FMI, c'est le suicide !» Se voulant à l'écoute des couches sociales mais aussi des citoyens de la Kabylie, Ouyahia, qui a dévoilé à l'occasion les principaux axes du programme de son parti, à l'instar de la hausse de la pension pour les handicapés et les travailleurs du filet social ainsi que la facilité pour l'accès au logement social à travers l'octroi d'une aide pour le loyer, a promis également la mise en place d'un plan spécial pour le développement destiné au zones montagneuses, à l'instar de ce qui se fait actuellement pour les régions du Sud et des Hauts plateaux. Evoquant la situation économique, Ahmed Ouyahia qui a insisté que le salut à cette crise passera par le travail et la création de richesses en dehors des hydrocarbures, a tenu surtout à mettre en garde contre les tentacules du FMI avec lequel le pays a déjà connu selon lui une mauvaise expérience au début des années quatre-vingt-dix avec le réajustement structurel qui avait contraint l'Etat à abandonner son rôle social, explique Ouyahia, à travers notamment la fermeture de milliers d'entreprises en difficulté et la mise au chromage de centaines de milliers de travailleurs. Pour Ouyahia, l'Etat algérien qui a vécu dans la douleur la période citée, est appelé à diversifier son économie en accordant la priorité à l'investissement privé créateur de richesses, surtout que la pays dispose encore d'une bonne marge de manœuvre selon lui grâce aux réserves de change actuellement disponibles. «Il suffit de revoir les remarques faites à notre pays ces derniers jours par le FMI concernant un certain nombre de mesures que l'on doit prendre dans le domaine économique pour se rendre compte du danger qui nous guette si l'on applique ces recommandations. Il faudra alors savoir gérer cette situation en accordant la priorité au travail et à l'investissement en dehors de la rente pétrolière, car si on continue à compter sur le pétrole, on se prépare au suicide», avertit Ahmed Ouyahia.