Il reste maintenant à savoir si ces petits arrangements entre alliés traditionnels sont la résultante d'initiatives propres aux chefs des deux partis ou ont impliqué d'autres sphères (personnes) au sein du pouvoir. Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, ne semble pas tenir rigueur au secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Djamel Ould Abbes, qui a passé le plus clair de sa campagne électorale à lui chercher noise. Lorsque l'intérêt politique l'exige, voire quand la directive l'ordonne, le patron du RND sait être conciliant. Extrêmement même. Un exercice qui lui réussit à merveille, au demeurant. Preuve en est que, hier, il a instruit les députés de son parti de soutenir le candidat du FLN, en l'occurrence Saïd Bouhadja, pour la présidence de la nouvelle Assemblée nationale populaire (APN) dont l'installation officielle est programmée pour demain, mardi. Le communiqué sanctionnant le conclave entre Ouyahia et les députés du parti fraîchement élus ne s'attarde pas sur les raisons ayant dicté un tel choix, quoique ce ne soit point surprenant. Il mentionne juste que cela participe des "missions parlementaires" des députés du parti qui, à l'occasion, ont appelé à adouber la désignation de leur collègue, élu dans la circonscription de Djelfa, M. Belabes Belabes, en qualité de chef du groupe parlementaire. Le précieux soutien que le RND apporte ainsi au FLN pose les jalons pour la reconduction de l'alliance parlementaire qui a réuni les deux partis depuis l'avènement de Bouteflika à la tête de l'Etat, voire bien avant. Ce n'est pas surprenant que les choses se passent ainsi. Cependant, cette disponibilité affichée par le parti d'Ahmed Ouyahia à servir de force d'appoint au FLN, s'agissant évidemment de la présidence de l'APN, suppose une contrepartie, au niveau du Parlement, d'abord, et au sein du gouvernement, ensuite. Le Front de libération nationale, à qui l'intervention du RND évite toute mauvaise surprise, a dû se montrer moins gourmand quant aux postes de responsabilité au sein de la chambre basse du Parlement. Il a dû s'obliger à des concessions. Il reste maintenant à savoir si ces petits arrangements entre alliés traditionnels sont la résultante d'initiatives propres aux chefs des deux partis ou ont impliqué d'autres sphères (personnes) au sein du pouvoir. La manière dont les choses ont été faites - une décision qui n'a pas connu de signes avant-coureurs - laisse supposer que le même oracle a parlé aux deux responsables et leur a indiqué ce qu'il y avait lieu de faire. Une ordonnance à laquelle Ould Abbes et Ouyahia ne pouvait que se soumettre, tant est que, même s'ils se chamaillent souvent, ils concourent l'un comme l'autre à appliquer le même programme, celui du président de la République. Un engagement commun qui les contraint à s'allier. Et c'est en tant que tels qu'ils composeront l'ossature du futur gouvernement dont l'annonce sera faite après l'installation de l'APN. Incontestablement, même s'il manque encore de savoir quels dosages partisans configureront l'Exécutif. Dans le gouvernement sortant, le FLN, en tant que parti majoritaire à l'APN mais aussi parti du chef de l'Etat, s'est taillé la part du lion, reléguant le RND, pourtant allié, quasiment au rang de figurant. Il faut dire que, pour la législature qui s'achève, le FLN a siégé avec plus de 200 députés et le RND avec seulement une soixantaine. L'écart en matière de strapontins parlementaires est si important qu'il était presque normal que le FLN dispose de la majorité des portefeuilles ministériels. Or, la donne a changé pour cette législature qui voit la moisson de députés du parti d'Ould Abbes chuter de manière significative et, a contrario, celle du parti d'Ahmed Ouyahia, augmenter de manière tout aussi significative. Ces deux mouvements de curseur devraient refonder les équilibres partisans au sein du gouvernement, ceux concernant le FLN et le RND, particulièrement. Logiquement, le FLN aura moins de portefeuilles que dans l'Exécutif sortant et le RND plus. Et, comme toujours, l'alliance sera sauve ! Sofiane Aït Iflis