Le MSP dans le gouvernement ? Ce n'est, désormais, qu'une question de temps. L'ancien président du parti islamiste estime qu'il est temps «de mettre les deux pieds dans le pouvoir». À la veille des élections législatives prévues demain, Aboudjerra Soltali envoie un message clair au pouvoir et sonne le retour de l'ex-Hamas au sein du gouvernement. Une décision qui sera prise «à la mesure des résultats que l'Alliance du MSP réalisera lors du prochain scrutin, et la meilleure coalition à même de former un gouvernement réside dans l'alliance entre le FLN, le RND, le MSP et le MPA», a déclaré, hier, l'ancien président du MSP. Invité de l'émission : «Dires de journaux» de la chaîne de télévision privée Dzaïr-news, Soltani, a expliqué que «l'expérience a prouvé qu'avoir une jambe dans le pouvoir, une autre dans l'opposition était un échec». «Tout comme lorsqu'on avait les deux pieds dans l'opposition», a-t-il ajouté dans une allusion à l'ère Abderrezak Makri qui a inscrit le parti dans la radicalité avec le pouvoir. Et de lâcher : «Désormais, j'estime qu'il est temps de mettre les deux pieds dans le pouvoir». Partant de la conclusion, selon laquelle «pour le système, si vous n'êtes pas avec lui, vous serrez toujours à la marge», Soltani pense que le peuple algérien a toujours eu peur de l'opposition, «car ne voulant pas d'un changement à travers la rue aux conséquences risquées». Lorsque Abderrezak Makri avait été élu en 2013, rappelle son prédécesseur, «il y avait le contexte d'après-révoltes dans les pays arabes et le parti a choisi son orientation d'opposant croyant à son poids et qu'il pouvait aller loin». Mais, ce n'est pas le cas et «la conjoncture a désormais changé», a-t-il dit, soutenant que «la ligne politique n'est pas le Coran». Aboudjerra Soltani, qui ne cache pas sa tendance «participationniste» qu'il incarne au sein du parti, n'a pas été tendre envers son actuel président. «Je l'ai dis et je le répète, le MSP a commis une erreur en sortant du gouvernement et en consommant le divorce avec le pouvoir», a-t-il déclaré, non sans affirmer qu'il allait «se battre pour remettre le parti sur la voie participationniste». L'ancien ministre d'Etat se dit «convaincu» qu'avec cette orientation, le MSP «sera plus fort». En somme, «un mouvement d'Etat qui pourra sceller des alliances à un niveau très élevé, pour jouer dans la scène des grands», a-t-il appuyé dans ce qui ressemble à une critique indirecte contre l'ICSO où siège le parti islamiste aux cotés du RCD, de Talaïe El Hourriyet, d'Ennahda…etc. Cependant, ce retour dans le giron du pouvoir, Soltani le veut sans conditions, ni lignes rouges, comparativement avec les partis de la majorité : «l'essentiel qu'on ira sur la base de partenaires à égalité. Une partie à part entière du pouvoir». Il faut dire que sur le plan personnel, l'insistance de l'ancien ministre n'est pas fortuite. Prépare-t-il son retour aussi à la tête du MSP en prévision des présidentielles de 2019 ? Soltani ne cache pas son désir de reprendre les rênes du parti. «La volonté y est, mais il faut le soutien des institutions», a-t-il indiqué, expliquant que «la vision sera plus claire d'ici une année», à l'occasion de la tenue du congrès unificateur qui verra la dissolution du FC appelé à se fondre dans le MSP. D'autres paramètres seront aussi pris en considération, notamment la participation au gouvernement, les changements qui en découleront de la fusion FC-MSP ainsi que les résultats des élections. Sur le scrutin de demain d'ailleurs, Aboudjerra Soltani pense que les partis islamistes, particulièrement l'Alliance du MSP et l'Union pour Ennahda, El Adala et El Bina «auront 1/5» des sièges de l'Assemblée, «soit 84 députés environ». Un pronostic qui prend en considération le fait que «le vote ne se déroulera pas dans la transparence», a-t-il précisé.