L'opposition réunie autour de l'Icso survivra-t-elle à sa crise après les élections législatives ? Rien n'est garanti pour ce conglomérat de partis et de personnalités politiques dont les divergences commencent à prendre le dessus sur l'idéal de la transition démocratique. Dernier épisode des différends qui minent l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition, et qui risque de l'emporter, la sortie du président du parti Jil Jadid, appelant son «partenaire» du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrezak Makri, soupçonné de négocier avec le pouvoir, à quitter l'opposition. Joint par nos soins, Djilali Soufiane ira plus loin dans ses accusations. Pour lui, le président du parti islamiste, qui tente un rapprochement avec le pouvoir en vue d'intégrer ce qu'il aime appeler «un gouvernement d'union nationale», veut marchander avec la plate-forme de Mazafran sur le dos des membres de l'Icso. «Il cherche à s'approprier le programme de Zéralda, intégrer le gouvernement avec la proposition d'une transition démocratique, laquelle a été discutée dans un cadre collectif. Ce n'est autre que de l'escroquerie», dénonce le président de Jil Jadid dont le parti a boycotté les élections. Dans une réplique à l'appel de ce dernier, Abderrezak Makri lui avait signifié qu'il manquait de concentration, rappelant dans une publication sur sa page facebook que «le MSP a toujours été la première victime de la fraude électorale, d'autant que c'est le seul parti capable de faire face au parti du pouvoir, le FLN». À ces propos, Djilali Soufiane estime que le problème n'est pas dans le fait de désigner qui est la victime, mais pourquoi Makri veut-il rentrer au gouvernement ? «On ne peut être à la fois dans le pouvoir et dans l'opposition», soutient le président de Jil Jadid pour qui, le jeu du chef islamiste consiste à avoir le beurre et l'argent du beurre, en jouant sur la transparence des élections et ses résultats. Cette guéguerre, en tout cas, ne passera pas sans laisser des séquelles pour l'Icso dont l'existence est sérieusement menacée, une fois les résultats du scrutin prochain proclamés. Des partis, la majorité, siégeront à l'Assemblée nationale, d'autres comme Jil Jadid ou encore Talaie El Hourriyet D'Ali Benflis n'y seront pas. Le discours ne sera plus le même pour les uns et pour les autres. De même pour les intérêts. D'où le risque d'explosion à tout moment. Karim Tabbou, porte-parole de l'UDS, en voie de création, est sur ce point des plus réalistes. Pour lui «l'Icso n'a plus sa raison d'être après les législatives». Il s'explique par ses propos suivants : «À partir du moment où on a décidé de participer aux élections, il y a eu renoncement intégral de l'opposition à la plate-forme de Mazafran.» L'ancien premier secrétaire du FFS considère que «Abdelwahab Derbal, président de la HIISE a créé les conditions d'une concertation des partis islamistes que l'on s'achemine droit vers un partage des sièges». Après les élections, ajoute Karim Tabbou, «les partis, qui siégeront à l'APN, continueront de défendre la survie de l'Icso comme à sa création», mais «politiquement, on aura déjà violé les principes sur lesquels on s'était mis d'accord avant». Dire que la tâche sera des plus ardues pour l'instance qui peine, d'ailleurs, à rassembler tous ses membres. Sa dernière réunion avait été boudée par El Adala et Ennahda, partis islamistes de Djaballah et de Mohamed Douibi, alors qu'Ali Benflis, qui ne ratait jusque-là aucun des rendez-vous, s'était contenté de se faire représenter.