Aboudjerra Soltani met la pression sur le président du MSP, Abderrezak Makri, passant d'une simple initiative proposée au conseil consultatif, au travail de terrain et de sensibilisation des cadres et militants. L'ancien président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) s'est réuni, au lendemain de l'Aïd El Adha, avec des cadres du parti. Objectif : élargir la consultation, le débat et la réflexion autour de l'initiative visant à redresser la situation au sein du MSP. La rencontre qui a eu lieu au domicile de l'ancien ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, a vu la présence d'environ une trentaine de cadres, dont l'ancien président du conseil consultatif, Abderrahmane Saïdi. Joint par nos soins, ce dernier a confirmé la tenue de la réunion, ajoutant que «d'autres auront lieu prochainement». Tout en regrettant d'emblée que «l'initiative proposée par Cheikh Aboudjerra ne soit pas soumise au débat au sein des institutions du parti», il explique qu'«une série de rencontres similaires est entamée afin d'informer les militants qui, selon lui, doivent participer au débat». Clair, net et précis, il s'agit du début de la campagne pour la destitution de l'actuel président du parti islamiste. Abderrezak Makri, en l'occurrence, est accusé d'avoir mené le parti loin des principes fondateurs tracés par le défunt Mahfoud Nahnah. Fait révélateur. La rencontre qui a confirmé l'alignement de Saïdi aux côtés de Soltani contre Makri s'est déroulée sous la bénédiction de l'ancien ministre du Commerce. Preuve que Djaâboub, à son tour, s'est rangé du côté de l'aile qui défend le retour à la ligne originelle du parti, avant son retrait du gouvernement en 2012. Une ligne qui prône la politique participationniste et rejette celle de la chaise vide. Des ténors donc qui ne sont pas des moindres au sein du parti islamiste et dont Soltani pourrait servir d'appui dans sa bataille contre Makri. El Hachemi Djaâboub avait, rappelle-t-on, déposé sa démission de la vice-présidence du MSP. Rejetée une première fois, le conseil consultatif a fini par donner un temps de réflexion au concerné. «Mais à aucun moment, il n'a validé la démission», affirme Abderrahmane Saïdi. Notre interlocuteur soutient que l'initiative de Soltani «trouve un écho favorable au sein de la base militante avant les cadres». Saïdi, qui considère le parti comme un espace de débat et d'échanges, n'hésite pas à fustiger Abderrezak Makri et ses partisans, sans pour autant les citer. «Au lieu de nous dénigrer et de nous soupçonner de complicité avec le pouvoir, il serait utile à ceux qui ont la phobie de la division de soumettre l'initiative au débat au sein des institutions pour qu'elles puissent trancher démocratiquement», dit-il, ajoutant que «la situation politique du pays, avec l'approche des élections législatives, suggère que l'on révise nos positions». Comprendre qu'il y a une volonté au sein du parti à changer de camp et quitter le navire de l'opposition pour rejoindre celui de la majorité présidentielle. Ainsi, c'est sur le terrain que semble se jouer la bataille Makri-Soltani, non pas au sein des institutions du MSP. L'ancien président du parti a choisi la voix informelle pour renforcer ses rangs. Une conduite qui pourrait lui valoir un rappel à l'ordre dans ce duel qui ne fait que commencer.