Souvent exposées à des zones de turbulences, les relations algéro-saoudiennes semblent s'améliorer ces derniers temps. L'invitation «officielle» adressée par le Roi Salmane Ben Abdelaziz Al-Saoud, au président de la République Abdelaziz Bouteflika par le biais de son ministre des Affaires étrangères pour prendre part au sommet arabe-islamique-américain qui se tiendra à Riyad le 21 mai prochain, est le signe que Riyad, dont les positions «guerrières» sont parfois décriées par ses propres alliés et ses voisins, lorgne du côté d'Alger dans l'espoir de l'aider à aplanir un certain nombre de différends, reconnaissant de fait les capacités de médiation de la diplomatie algérienne. L'émissaire saoudien qui a été reçu mardi par le président du Conseil de la nation Abdelkader Bensalah, a d'ailleurs tenu, à l'issue de la rencontre, à mettre l'accent sur «les relations historiques qui lient les deux pays», qui étaient au centre des discussions entre les deux hommes. L'Arabie saoudite qui n'avait pas admis le refus catégorique de l'Algérie d'envoyer ses troupes rejoindre «l'armée arabe commune» et la coalition qu'elle a menée et qui a lancé une guerre contre le Yémen et la réponse à la proposition de l'Egyptien Al Sissi a été sans ambages : «L'Algérie n'autorisera aucune participation de ses troupes armées à des opérations militaires en dehors de ses frontières», avait rétorqué Lamamra en marge de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères tenue à Charm El Sheikh. Le royaume wahabite a tout de même consenti à revoir ses grosses prétentions à la baisse. Non pas dans cette guerre fratricide mais dans une autre «guerre» contre la crise économique qui la touche désormais de plein fouet, comme beaucoup d'autres nations, induite par la dégringolade des cours du pétrole. Après quelques hésitations, le plus grand producteur de l'Opep qui, jusque-là, soufflait le chaud et le froid au sein de l'organisation qu'il contrôle quasiment, a, non seulement accepté lors du sommet «historique» d'Alger de l'année dernière, de réduire sa production, mais aussi «toléré» les exigences iraniennes de revenir à son quota d'avant les sanctions internationales. L'Arabie saoudite embourbée dans des conflits régionaux (Yémen, Syrie) des plus complexes, avec notamment cette coalition qui lui «bouffe» une grande partie de ses recettes pétrolières, sait plus que tous qu'une révolution «interne» dont les ingrédients ne sont que trop visibles ruinerait définitivement le royaume. La preuve, après avoir pris des mesures d'austérité comme l'augmentation du prix de l'essence, la monarchie du Golfe a dû faire machine arrière pour éviter momentanément un soulèvement populaire, qui serait d'ailleurs «une première» si cela devait avoir lieu. Il lui faudrait donc s'appuyer sur un «allié» sûr, pour se sortir du bourbier dans lequel il s'est engouffré, réussissant à l'occasion l'exploit de se mettre à dos les alliés d'hier. Et l'Algérie, aux yeux (rouverts) de l'Arabie saoudite, est la mieux indiquée, d'autant qu'elle entretient de bonnes relations avec tous les pays de la région, y compris l'Iran, que craint sérieusement le royaume saoudien.