Jamais le Front des forces socialistes (FFS) n'a eu de position aussi ambiguë concernant les résultats des élections et les conditions de leur déroulement. Le parti n'a jusqu'à présent pas dénoncé de fraude bien qu'il annonce avoir déposé des recours auprès du Conseil constitutionnel. 13 recours ont été déposés par le FFS au niveau de l'institution de Mourad Medelci concernant les résultats des élections législatives du 4 mai. Le parti qui n'a eu que 14 sièges dans la future Assemblée populaire nationale (APN) a expliqué, via un communiqué, avoir «accompagné les recours déposés auprès du Conseil constitutionnel de documents et de preuves attestant de son droit à des sièges parlementaires dans ces circonscriptions électorales». Mais, à aucun moment, il ne parle de «fraude» ou de «détournement de voix», bien que lorsqu'on a des recours à faire valoir, il y a quelque part des sièges attribués dans les circonscriptions concernées, d'une manière ou d'une autre, à d'autres formations politiques ou candidat au lieu du plaignant. Intrigant comme position, faut-il l'admettre, et qui n'est pas dans les traditions du parti, connu pour ses positions fermes et claires. Les circonscriptions où le FFS a introduit des recours sont Chlef, Oum El Bouaghi, Batna, Béjaïa, Jijel, Sidi Bel Abbès, Guelma, Constantine, Msila, El Oued, Khenchela, Aïn Defla en plus de la Zone IV de l'étranger. De tous les partis de l'opposition, le FFS reste le seul à ne pas avoir officiellement parlé de fraude. Au lendemain de l'annonce par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales des résultats provisoires, le parti a émis un communiqué des plus vagues, le moins que l'on puisse dire. «Ces élections ont aggravé la faiblesse et la fragilité de l'Algérie et consolidé les positions des responsables de la crise multidimensionnelle que nous vivons», avait-il écrit, ajoutant que «le seul vainqueur de cette échéance électorale - et nous devons le reconnaître - est l'abstention sous toutes ses formes, suivie par le «parti» des bulletins nuls dont le ministre de l'intérieur a omis de donner les chiffres». Pour le reste, le parti a fait dans le discours habituel de tenir pour responsable le pouvoir en place des conséquences de sa politique. Mais, question naïve : pourquoi le FFS n'a-t-il donc pas parlé clairement de fraude, d'autant plus que le voilà à déposer des recours devant le Conseil constitutionnel ? Dans aucun des deux communiqués publiés les 5 et 11 mai, pas même des doutes n'ont été soulevés autour de la transparence du scrutin, alors que même des partis du pouvoir et d'autres proches du pouvoir ont parlé de quelques irrégularités. Attend-il les résultats définitifs du Conseil constitutionnel pour le faire ? Une autre question qui reste posée mais qui prête à interprétation. En 2012, rappelons-le, le FFS avait progressé de six sièges de plus, comparativement aux résultats proclamés par le ministère de l'Intérieur, et ce, après avoir introduit des recours au niveau du Conseil constitutionnel. Le scénario se répétera-t-il pour cinq ans après encore ? En d'autres termes, y a-t-il des raisons qui poussent le parti à ne pas afficher son mécontentement du résultat très mitigé (14 députés) qu'il a eus pour cette nouvelle législature ? Difficile d'y répondre. A signaler que les deux membres du présidium Azizi Baloul et Ali Laskri, respectivement candidats tête de liste à Tizi Ouzou et Boumerdès, ont été élus.