Rien ne va plus à l'EPH Mohamed-Boudiaf de Bouira. Le personnel médical et paramédical a observé un sit-in de protestation, hier, de 9 h à midi, dans l'enceinte de l'hôpital, pour dénoncer les mauvaises conditions de travail et le manque criant de moyens et de médicaments d'extrême urgence. L'action à laquelle ont appelé les trois sections syndicales de l'hôpital, le Syndicat national des médecins généralistes de santé publique (Snmgsp), le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp) et le Syndicat algérien des paramédicaux (Sap), a mobilisé l'ensemble du personnel de l'EPH. Le service minimum a été assuré pour faire fonctionner les différents services pendant la durée de la protestation. Tout semble manquer dans cet établissement de santé publique. En plus du manque de personnel soignant, s'ajoute la pénurie, voire l'absence de médicaments que l'on utilise au service des urgences. «Il y a un manque flagrant de médecins. Nous avons demandé à maintes reprises le recrutement de personnel, en vain. Les médicaments se font rares aux urgences. Des médecins reçoivent des personnes malades aux urgences et ils ne peuvent rien faire pour elles. La salle de déchoquage ne répond pas aux normes d'une salle d'urgences vitales, et du matériel comme le scope et l'aspirateur manque», a déclaré le président du Snmgsp. Pour ce qui est des médicaments manquants, une femme médecin urgentiste a affirmé qu'il s'agissait beaucoup plus de médicaments pour les urgences en cardiologie. Le service de chirurgie n'échappe pas à cette situation. Des médecins fuient l'hôpital «En chirurgie, nous n'avons pas de boîtes de sutures stériles. Nous manquons aussi d'un chariot technique d'instruments pour les urgences. Parfois on ne trouve même pas de gants. Nous utilisons une instrumentation qu'on ne peut même pas utiliser en chirurgie vétérinaire», souligne le Dr Ameziane, présidente du bureau local du Snpssp. La représentante syndicale a affirmé également que les ophtalmologues ont attendu deux longues années pour commencer à travailler parce qu'ils n'avaient pas de matériel pour exercer leur métier. «Ils n'ont ni microscope, ni les autres moyens nécessaires pour faire fonctionner leur bloc opératoire. Même chose en chirurgie. On ne peut, aujourd'hui, assurer toutes les interventions chirurgicales dans cet hôpital. La continuité des soins ne peut pas être assurée dans ces conditions», souligne le Dr Ameziane. Les syndicalistes s'accordent à dire que le manque de moyens et de sécurité à l'hôpital, en particulier aux urgences, a des retombées négatives sur la qualité des soins devant être assurés aux patients. «Le personnel médical et paramédical fait difficilement face à cette situation, mais il faut un minimum de moyens et de conditions. Le médecin doit exercer son métier dans la sécurité. Sans cela, on ne peut pas assurer notre mission», ajoute la présidente du Snmgsp. En outre, les syndicalistes ont soulevé le cas des médecins généralistes qui ont démissionné de cet hôpital au cours de ces deux derniers mois. L'on compte déjà treize médecins généralistes du service des urgences qui ont claqué la porte. C'est une véritable saignée pour l'établissement qui fait face ces dernières années à un manque d'effectif médical. Selon les syndicalistes, ce qui a contraint les médecins à démissionner, c'est l'insécurité régnant à l'hôpital. Un problème épineux auquel l'ensemble du personnel est confronté quotidiennement. Quant aux médecins spécialistes, ils fuient la wilaya parce qu'ils ne trouvent pas de logement pour habiter et exercer leur travail dans les meilleures conditions. «Les médecins spécialistes fuient cette wilaya parce qu'il n'y pas de logement de fonction pour eux. Par contre, il est facile de dénicher un logement de fonction pour un fonctionnaire de l'administration qui, de surcroît, habite la ville», regrette le Dr Ameziane. Les protestataires interpellent la DSP afin de prendre des mesures rapides et efficaces dans les plus brefs délais.