L'Algérie ne peut assurer la disponibilité des produits alimentaires pour une période au-delà de quatre mois. «Les stocks de produits de première nécessité pourront couvrir les besoins des consommateurs jusqu'au mois de septembre», a indiqué, hier, Abdelaziz Aït Abderahmane, directeur général de la régulation et des activités au ministère du Commerce. Dans le détail, l'Algérie dispose de 14 500 tonnes par mois de poudre de lait, de 10 millions de quintaux de blé dur et de 21 millions de quintaux de blé tendre. Idem pour les viandes, avec 20 000 tonnes importées, selon la même source, annonçant que «des licences ont été affectées pour l'importation de 17 000 tonnes de viande réfrigérée et non congelée». A noter que, pour cette année, tous les bouchers sont tenus d'afficher le prix et l'origine de la viande importée, une instruction stricte donnée par le ministère du Commerce qui vise à lutter contre la spéculation sur les produits alimentaires. Cette annonce intervient suite à la délivrance de 19 licences d'importation pour la viande rouge fraîche et congelée. «Les bouchers sont astreints à l'obligation d'afficher le prix et l'origine des viandes et à la séparation des viandes fraîches locales de celles importées». L'instruction vise de prime abord à protéger les consommateurs, en leur communiquant des informations précises et claires pour leur permettre de choisir librement la qualité du produit proposé à la vente. D'autre part, et pour intensifier les contrôles, notamment lors du mois de Ramadhan, la Direction du commerce au niveau d'Alger a, par exemple, mobilisé 700 agents de contrôle au niveau de tous les marchés de proximité et ceux communaux en vue de stabiliser les prix et de préserver le pouvoir d'achat. D'ailleurs, parmi ces agents, figurent ceux spécialisés dans les enquêtes économiques, les prix et la répression de la fraude. Ces agents veilleront au respect de la loi, qui oblige tous les commerçants et les artisans à afficher les prix. Le défaut d'information sur les prix constitue une infraction qui expose son auteur à des amendes allant de 5 000 à 100 000 DA. En outre, les brigades de contrôle seront, pendant le mois sacré, astreintes à un horaire de travail de huit heures, jusqu'à la fermeture des marchés. Elles auront également pour mission de procéder à des opérations intensifiées de contrôle des produits alimentaires périssables tels que les viandes blanche et rouge et les produits laitiers. Pour rappel, début avril, Abdelmadjid Tebboune avait, pour sa part, promis de sévir contre les commerçants qui augmenteraient sans raison les prix de leurs produits. «Je ne veux pas utiliser le langage de la violence, mais la réponse sera apportée sur le terrain», avait-il prévenu. Pour ce faire, le ministère du Commerce a lancé un numéro vert, le 10-20, pour permettre aux citoyens de signaler les dépassements commis par les commerçants en ce qui concerne les produits de large consommation et les pratiques portant atteinte à la santé du consommateur. A noter que la sortie médiatique de Abdelaziz Aït Abderahmane vise vraisemblablement à «rassurer» la population quant à la disponibilité des produits de base, en particulier dans la perspective du mois de Ramadhan, propice à une hausse de la consommation et donc à des pénuries. Avec cette annonce, le DG au ministère du Commerce révèle un chiffre stratégique : l'Algérie en a pour moins de quatre mois de stocks de produits alimentaires. Plus d'une centaine de marchés ouverts Plus d'une centaine de marchés spécifiques, dédiés à la vente des produits alimentaires de large consommation et d'habillement, seront installés durant le mois de Ramadhan à travers 45 wilayas, dans le but de stabiliser les prix et de préserver le pouvoir d'achat des ménages à faible revenu, a indiqué à l'APS le directeur général de la régulation et de l'organisation des activités au ministère du Commerce, Abdelaziz Aït Abderrahmane. Rien que pour la wilaya d'Alger, 5 marchés seront implantés au niveau du Palais des expositions (Pins maritimes), à l'esplanade du siège de l'UGTA, à Bab El Oued, à Rouiba et à Chéraga. Selon lui, d'après des expériences similaires menées en 2015 et en 2016, il a été constaté que ce genre de marché drainait un grand nombre de citoyens et contribuait à la stabilité des prix durant le Ramadhan. D'où l'intérêt de reconduire et même d'élargir cette initiative. A travers ces espaces, organisés en collaboration avec l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), explique-t-il, il s'agit de vendre des produits à des prix abordables et concurrentiels afin de renforcer et de préserver le pouvoir d'achat des citoyens à faible revenu, d'assurer un approvisionnement direct du consommateur en produits de large consommation et aussi de créer une certaine animation au sein des cités. Comme les consommateurs orientent leurs dépenses vers les produits alimentaires, surtout durant les premières semaines du Ramadhan, les produits mis à la vente concerneront, en premier lieu, les produits à l'instar du lait et des produits dérivés, de la semoule, de la farine, des huiles et matières grasses, des viandes rouges et blanches, des boissons, des fruits et légumes ainsi que d'autres produits consommés quasi spécialement durant le Ramadhan tels que les pruneaux et les raisins secs, auxquels s'ajouteront, à l'approche de la fête de l'Aïd, l'habillement et la chaussure.