Depuis plusieurs semaines, les entreprises engagées dans la construction des logements sociaux maintiennent la pression sur les pouvoirs publics en insistant pour percevoir leur dû. Se disant à la fois ouverts au dialogue et disposés à aller au bout de leur revendication, les entrepreneurs continuent de proposer des sorties de crise au gouvernement et aux organismes qui chapeautent les différents programmes de logements. Mais parallèlement à cette main tendue, et en désespoir de cause, les protestataires qui ne croient plus aux promesses menacent de mener des actions plus radicales. «Nous avons tellement entendu de promesses que nous ne croyons pratiquement plus personne», a désespérément lancé un membre du collectif d'entrepreneurs qui révèle être un contact permanant avec les responsables de l'Algérienne des Réalisations et Construction du Centre (ALRECC). «Pas plus tard que ce matin (hier, NDLR) des représentants de notre collectif ont rencontré le DG d'ALRECC et sa réponse quant à nos doléances était : vous allez être payés dès que qu'on reçoit l'argent. Ce qui veut dire que cette question dépasse un peu tout le monde». Pris au piège et menacés de mettre la clé sous le paillasson, les entrepreneurs du centre du pays auxquels se sont joints ceux de l'ouest maintiennent ainsi leur mot d'ordre et comptent organiser à compter de ce mercredi une grève de la faim. Interrogé sur la proposition faite au gouvernement par le président de l'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), Mouloud Kheloufi, pour tenir une tripartite consacrée au secteur du bâtiment, travaux publics et hydraulique (BTPH), notre interlocuteur a estimé qu'une telle démarche doit s'inscrire dans le long terme, or actuellement, il y a une urgence qui nécessite un plan d'urgence. A la question sur le versement de 12 milliards de dinars effectué par le CPA, l'entrepreneur protestataire répond que cette somme ne concerne pas toutes les entreprises étant donné que cette somme représente la part versée par la Caisse nationale du Logement (CNL), et dont sont systématiquement exclus à titre d'exemple les entreprises en charge de la formule LPP. Dans une tentative d'absorber la colère des entrepreneurs, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, s'est lui-même engagé dans cette affaire, en ordonnant aux différents services que des allégements fiscaux et parafiscaux soient accordés à ces entreprises, afin de les sauver d'une faillite certaine. Des mesures qui, selon les entrepreneurs, ne sont que de la poudre aux yeux, étant donné que l'élimination des charges fiscales et celles des caisses d'assurance ne représentent qu'une infime partie de ce que le trésor doit à ces entreprises. En fait, les créances impayées qui risquent de provoquer l'une asphyxie financière de ces entreprises se sont accumulées à tel point qu'elles ont atteint le montant colossal de 130 milliards de dinars, soit 1,2 milliard de dollars.