L'organisation patronale avait proposé, pour alléger la pression sur les entreprises, la prolongation des délais de réalisation pour éviter à celles-ci des pénalités de retard. "Nous allons demander au Premier ministre la tenue d'une tripartite consacrée au secteur du bâtiment, travaux publics et hydraulique (BTPH)", a annoncé, hier, le président de l'Association générale des entrepreneurs algériens (Agea), Mouloud Kheloufi, lors d'une conférence de presse organisée en marge d'une réunion avec les présidents des bureaux de wilaya de l'organisation patronale. "Cette tripartite doit intervenir cette semaine ou la semaine prochaine", a souhaité le président de l'Agea qui a dressé un tableau noir de la situation des entreprises du secteur du BTPH. "L'année passée, affirme M. Kheloufi, 350 entreprises ont fermé." Cette année, 921 sociétés risquent de disparaître. "Ce sont 45 000 familles qui sont concernées", précise un membre de l'Agea. M. Kheloufi a rappelé qu'il a déjà attiré l'attention du Premier ministre sur l'état de grandes difficultés dans lequel se sont retrouvées les entreprises lors de la dernière tripartite. L'organisation patronale avait proposé, pour alléger la pression sur les entreprises de réalisation, la prolongation des délais de réalisation pour éviter à celles-ci des pénalités de retard. Des réunions ont été organisées avec les walis pour trouver des solutions. "Certains walis ont appliqué les décision du Premier ministre. D'autres, au contraire, ont pénalisé les entreprises", relève M. Kheloufi. Le mois d'avril dernier, le président de l'Agea est revenu à la charge. Il a saisi le Premier ministre "à l'effet de prendre en charge leur préoccupation relative aux difficultés financières rencontrées par les entreprises, qui se trouvent, à l'échéance du 30 avril 2017, dans l'incapacité d'honorer leurs dettes fiscale et parafiscale en raison des difficultés liées au recouvrement des situations des travaux liés à l'exécution des marchés publics". Le Premier ministre a répondu favorablement à la requête de l'Agea. Dans une instruction, dont Liberté détient une copie, le Premier ministre demande au ministre des Finances et à celui du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale "d'instruire les organismes concernés à l'effet de reporter les échéances de paiement des impôts et taxes dus, à l'occasion, par l'entreprise à l'administration fiscale et des dettes au titre des cotisations sociales, et ce, en faveur des entreprises liées par des contrats conclus avec des institutions, organismes et établissements publics, en attente du recouvrement des situations de travaux accomplis". Mais sur le terrain, "ces mesures ne sont pas appliquées", dénonce M. Kheloufi, revendiquant l'annulation des poursuites judicaires contre certains entrepreneurs. Le président de l'Agea a pu, difficilement, contenir la colère des membres du bureau de l'association. Certains ont proposé la grève générale pour exiger le règlement de leurs créances et dénoncer les pressions qu'ils subissent au niveau de leurs wilayas. Mais le président de l'Agea les a convaincus que la tripartite sera l'occasion de débattre de tous les problèmes du secteur et de dégager des solutions opposables à toutes les parties. En attendant, l'organisation patronale a décidé d'ouvrir "un compte spécial" doté de 15 milliards de centimes pour venir en aide aux entreprises membres de l'association en difficulté financière et leur permettre de payer les salaires des travailleurs, notamment à l'approche du mois de Ramadhan. Interrogé sur les 12 milliards de dinars versés par le CPA au profit de la Caisse nationale du logement, le président de l'Agea qualifie le montant de dérisoire. "C'est insignifiant. On s'attendait à 100 milliards de dinars. Les créances des entreprises du BTPH au niveau d'une seule wilaya s'élèvent à 700 milliards de centimes", a-t-il souligné, critiquant le ministre de l'Habitat "qui a fermé les portes du dialogue". Meziane Rabhi