Suite à la décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de ses partenaires de prolonger de neuf mois les quotas de production mais sans les renforcer, les cours du pétrole ont terminé avant-hier sur une chute. Le prix du baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, a perdu 2,46 dollars à 48,90 dollars sur le contrat pour livraison en juillet au New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord a reculé de 2,50 dollars à 51,46 dollars sur le contrat pour livraison en juillet à l'Intercontinental Exchange (ICE). Les cours, déjà mal orientés depuis le début de la séance, ont brusquement décroché au moment de la confirmation de l'accord. L'Opep et d'autres pays, dont la Russie, ont décidé de maintenir leurs quotas de production de pétrole jusqu'en mars 2018 dans le but de réduire les stocks mondiaux et de soutenir les prix. «Ce que le marché nous dit maintenant, c'est qu'il attendait une réduction soit plus longue soit plus marquée de la production», a commenté Gene McGillian de Tradition Energy. Même si l'hypothèse d'une prolongation de neuf mois tenait la corde, alimentée par des déclarations russe et saoudienne, les spéculations sont allées bon train au cours des dernières semaines sur les suites que l'Opep allait donner à son accord. «Nous avons envisagé différents scénarios de 6 à 9 et 12 mois et nous avons même envisagé l'option de réductions plus importantes», a d'ailleurs reconnu le ministre saoudien de l'Energie Khaled al-Faleh après une réunion de 24 pays producteurs, Opep et non Opep, au siège de l'organisation à Vienne. L'accord est reconduit sous sa forme actuelle d'une baisse globale de 1,8 million de barils par jour. La Guinée équatoriale, qui participait aux réductions en tant que partenaire de l'Opep, a officiellement rejoint le cartel. En novembre 2016, les membres de l'Opep s'étaient engagés à limiter leur production pendant les six premiers mois de l'année 2017, entraînant dans ce mouvement 11 pays producteurs extérieurs à l'organisation, dont la Russie. Ce premier pacte valable jusqu'au 30 juin n'a pas véritablement rempli son objectif de soutenir durablement les prix du brut et d'éliminer l'excédent de l'offre, les stocks mondiaux restant bien au-delà de leur moyenne des cinq dernières années, objectif affiché du cartel. «Nous avons vu près de cinq mois que l'accord de l'Opep est sans impact majeur sur les stocks», a relevé Gene McGillian. Les quotas se sont jusque-là heurtés à une nette progression de la production américaine de pétrole de schiste dont les coûts d'exploitation ont baissé ces dernières années et qui a été sensible à un retour du prix du baril autour des 50 dollars car il est facile de remettre rapidement en activité les champs pétroliers dans ce secteur. Depuis début octobre, mois de référence pour les quotas, la production totale américaine a enflé de 870 000 barils par jour, selon les chiffres hebdomadaires du département de l'Energie (DoE). Ce mouvement pourrait encore être renforcé par la détermination de l'Opep à tout faire pour réduire les stocks au détriment de ses parts de marché. «La décision de Vienne envoie un signal de soutien continu aux prix du pétrole de la part de l'Opep, ce qui aide les (compagnies américaines) à faire des projets», a écrit Ann-Louise Hittle de Wood Mackenzie.