Le pétrole a rebondi mardi en Asie en dépit d'incertitudes sur la capacité de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de ses partenaires à prolonger l'accord sur une baisse de la production. Vers 05H00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en juin, gagnait 23 cents à 49,46 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en juin, prenait 25 cents à 51,85 dollars. Les ministres de l'Opep tiendront fin mai à Vienne, siège du cartel, leur réunion semestrielle. Ils discuteront à cette occasion de l'opportunité de prolonger au-delà de juin et jusqu'à la fin de l'année l'accord de réduction de la production conclu l'an dernier pour doper les cours. L'impact de cet accord a cependant été mis à mal par la hausse de production aux Etats-Unis. Les investisseurs attendent à cet égard mardi la publication des estimations hebdomadaires des réserves américaines de brut de la fédération privée American Petroleum Institute (API).
Souffrant toujours des stocks La veille, les cours du pétrole ont terminé en baisse à New York, les investisseurs continuant à s'inquiéter du haut niveau des stocks mondiaux malgré les efforts de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut, a reculé de 39 cents à 49,23 dollars sur le contrat pour livraison en juin au New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord a reculé de 36 cents à 51,60 dollars sur le contrat pour livraison en juin à l'Intercontinental Exchange (ICE). "C'est la poursuite de l'humeur négative consécutive aux chiffres des stocks, particulièrement d'essence," la semaine précédente, a commenté Bart Melek de TD Securities. Le maintien à des niveaux élevés des réserves mondiales de produits pétroliers, notamment américaines, malgré les baisses des extractions engagées par l'Opep et d'autres pays producteurs font douter d'une résorption prochaine de l'excès d'offre. "Plus qu'un quelconque virage, la baisse du marché a plus à voir avec une correction de l'excès d'optimisme et de l'excès de spéculations antérieurs", a relativisé Tim Evans de Citi dans une note. Après un excellent début avril, les prix du brut ont commencé leur recul la semaine dernière tandis que l'Opep tentait, en vain, de donner des gages au marché sur une prolongation des accords de limitation de la production, au-delà de leur période initiale de six mois qui doit s'achever en juin. Dernier élément en date, "un comité de l'Opep a dit que six mois (de plus) étaient nécessaires", a rapporté Gene McGillian de Tradition Energy. Le comité technique, mis en place pour observer les baisses de production des pays participants et estimer si ces efforts conduisent à la diminution souhaitée des réserves mondiales, n'a pas de pouvoir décisionnaire. Sa recommandation a été vue comme un indice mais n'a pas eu d'impact décisif sur les prix. "Ce n'est plus vraiment une surprise, puisque les influents pays du Golfe avaient exprimé leur soutien à une prolongation de la réduction convenue", ont expliqué les analystes de Commerzbank dans une note.
Position russe attendue Une décision pourrait être prise au cours de la réunion semestrielle du cartel pétrolier qui doit se tenir le 25 mai à Vienne, siège du cartel. "Tant qu'ils ne prononcent pas fermement et officiellement, le marché reste sceptique", a commenté Bart Melek. D'autant plus que les analystes s'interrogent sur la position ambigüe de la Russie, principal producteur non membre de l'Opep à s'être joint aux quotas du cartel. "Le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak a évité de faire une déclaration non-équivoque vendredi (...). Nous continuons à être sceptiques sur l'engagement la Russie dans une prolongation de la réduction de la production", ont commenté les experts de Commerzbank. Les réserves de pétrole sont notamment été gonflées par une reprise des extractions aux Etats-Unis depuis l'automne, où les compagnies pétrolières ne sont pas tenues par les quotas destinés à limiter l'offre. La vigueur de la production américaine ne semble pas près de se tarir à en croire la nouvelle augmentation hebdomadaire du nombre de puits en activité aux Etats-Unis constatée vendredi par le groupe privé Baker Hughes et qui fait figure d'indicateur avancé des extractions.
L'Opep rassure les marchés L'Opep s'évertuant à rassurer des marchés inquiets de la hausse apparemment inexorable de la production de schiste américain. Alors que le risque d'une surproduction mondiale pèse sur le moral des investisseurs, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires, qui limitent leur production depuis le début de l'année, tentent de rassurer les marchés. "Les cours ont regagné du terrain grâce au comité technique de l'Opep, qui a recommandé une extension de six mois de l'accord", ont commenté les analystes de JBC Energy. Le comité technique, mis en place pour observer les baisses de production des pays participants et estimer si ces efforts conduisent à la baisse des réserves mondiales souhaitées, n'a pas de pouvoir décisionnaire. "Si l'Opep renouvelle son accord, les réserves des pays de l'OCDE devraient retrouver leur moyenne sur cinq ans au deuxième semestre de l'année", ont commenté les analystes de Société Générale. Ces derniers continuent de miser sur une hausse des prix à moyen terme, un renouvellement de l'accord compensant selon eux la hausse de production américaine, où les pétroliers américains ont relancé leurs coûteuses exploitations de pétrole non conventionnel. "Selon le décompte de (l'entreprise privée) Baker Hughes, le nombre de puits en activité aux Etats-Unis a augmenté pour la quatorzième semaine consécutive, et est désormais à un plus haut en deux ans", a commenté Michael van Dulken, analyste chez Accendo Markets. Le renouvellement de l'accord devrait être débattu lors de la prochaine réunion de l'Opep, qui se tiendra fin mai à Vienne.