Les informations diffusées sur la chaîne d'information privée Ennahar TV sur l'affaire Benagoune Messaoud «ne relèvent pas des prérogatives de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel [ARAV]». C'est ce qu'a indiqué cette instance dans un communiqué rendu public, jeudi, pour donner suite à la lettre du président du Mouvement populaire algérien (MPA), Amara Benyounès faisant état d'une campagne de «diffamation orchestrée contre le ministre du Tourisme et de l'Artisanat sortant, le MPA et son président, menée par la chaîne de télévision Ennahar». Pour l'ARAV, la qualification des faits reprochés à Benagoune Messaoud par la chaîne Ennahar ne relève pas des prérogatives de l'ARAV, mais de la «justice». Toutefois, précise-t-on dans le communiqué, ceci ne «dédouanerait pas ladite chaîne d'un manque d'éthique et de professionnalisme, si les faits s'avéraient». D'ailleurs, fait-on savoir, le suivi de cette affaire est d'ores et déjà ouvert au niveau des services de cette Autorité. «Bien qu'elle ait été rendue publique [la lettre de Benyounès, Ndlr], alors qu'elle était adressée au président de l'ARAV, cette correspondance a été examinée par son collège», a relevé le communiqué. L'Autorité de régulation estime que «le président du MPA aurait pu faire l'économie d'impliquer l'ARAV dans une controverse politique à laquelle, à l'évidence, elle est parfaitement étrangère». Messaoud Benagoune, membre du MPA, a été nommé, pour rappel, ministre du Tourisme et de l'Artisanat avant qu'il ne soit démis de ses fonctions par le président de la République. Dans son communiqué, l'ARAV dénonce les propos tenus dans la lettre d'Amara Benyounès, en expliquant qu'«en parlant d'étonnement ou encore de silence incompréhensible, il laisse supposer une certaine compréhension de la part de l'ARAV de méthodes et de procédés qu'elle n'a eu de cesse de dénoncer depuis son installation», a soutenu l'instance de régulation. La réaction de l'ARAV se fait, cependant, attendre sur un autre sujet qui relève de ses fonctions, en l'occurrence celui des programmes du mois de Ramadhan, jugés «violents» et «dangereux» par les téléspectateurs. Des caméras cachées devenues un programme de mode ces dernières années mettent en scène des images et des séquences où leurs victimes sont «traumatisés» par le scénario dessiné par les producteurs. Comme cette caméra cachée diffusée par Ennahar Tv dans laquelle une jeune fille demande de l'aide aux passants pour venir réparer sa voiture tombée en panne, une fois la victime tombée dans le piège de l'actrice, un autre acteur se faisant passer par le frère de la jeune fille, surgit de nulle part et «agresse» la victime de la caméra cachée. Les exemples sont légion dans ce type de programme contre lesquels avait pourtant mis en garde, le 18 mai dernier, l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav). Elle avait appelé les chaînes de télévision à faire de leurs grilles de programmes, durant le mois de Ramadhan, «des espaces d'éveil spirituel et rationnel, conciliant authenticité et modernité». Ce qui n'est pas le cas vu certains de ces programmes diffusés durant la première semaine de ce mois sacré de Ramadhan.