Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs a accusé, hier, Amnesty international (AI) de continuer à vendre une image négative de l'Algérie. Mohamed Aïssa, qui réagissait au communiqué rendu public dans la journée par la section algérienne de l'ONG au sujet du cas des ahmadites poursuivis en justice, a déclaré qu'«il s'agit d'un autre rapport qui vient s'ajouter à tous les précédents négatifs sur l'Algérie». «Je ne me rappelle pas que nous ayons eu un rapport positif de cette institution», a encore dénoncé le ministre, interrogé en marge d'une conférence organisée au Sénat autour du thème du «centrisme, l'extrémisme et le dialogue avec autrui». Dans sa réplique, Aïssa s'est montré surpris du langage utilisé par AI qui a qualifié ses propos de «haineux et discriminatoires». «Haineux vis-à-vis de qui et de quoi ?», s'est demandé le ministre, avant de préciser que «l'Algérie qui a signé les conventions internationales des droits de l'homme, de la liberté de conscience et de la liberté d'exercice du culte et l'Algérie qui a institutionnalisé la liberté de culte et la liberté d'exercice n'a fait envers les ahmadites qu'appliquer les lois de la République». Plus encore, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs ira jusqu'à rappeler à Amnesty internationale et à toutes les ONG que l'exercice du culte, même garanti par les conventions internationales, doit respecter les lois locales du pays. «Je rappelle à Amnesty internationale et à tout établissement et institution internationale que les conventions qu'a signées le monde actuellement stipulent que la liberté de conscience et l'exercice de culte sont encadrés par les lois de la république, du pays dans lesquelles elles évoluent», a-t-il dit, estimant qu'il n'y pas que les ahmadites qui ont été pénalisés, «mais aussi les évangélistes et les musulmans». «Les lois de la république interdisent la collecte, a ajouté Mohamed Aissa, citant l'exemple de «deux imams qui comparaissent devant la justice pour avoir collecté de l'argent dans leurs mosquées sans autorisation». Une instance de fetwa avant fin 2017 Concernant l'interdiction faite aux ahmadites de créer une association en Algérie, le ministre a tout simplement expliqué que «nous n'avons pas de lois sur les associations religieuses». «Moi-même, ministre du culte, je suis handicapé. L'article 47 de la loi sur les associations stipule qu'il faut qu'il y ait un texte qui régisse les associations à caractère religieux, et jusqu'à présent, nous ne l'avons pas, ce texte», a-t-il détaillé, tout en se montrant ouvert à ce que «les ahmadites aient leur association lorsque la loi sera promulguée». Par contre, Aïssa dit «trouver beaucoup d'inconvénients qu'ils (les ahmadites, Ndlr) fassent du prosélytisme qui est prohibé et interdit en Algérie». Par ailleurs et au sujet du mufti de la République qui revient avec insistance, le ministre a promis que l'Algérie aura une institution de fetwa avant la fin de l'année en cours. Tout en excluant qu'il y ait un seul mufti, de peur de susciter des réserves chez d'autres personnalités, Mohamed Aïssa a déclaré que «la réflexion, le mécanisme et la proposition existent et le projet est en cours». «Nous aurions voulu une instance entre le ministère et le Haut conseil islamique (HCI) et cela n'a pas abouti», a-t-il regretté, avant de conclure que son département tachera de «chercher une autre formule» et que «nous aurons cette institution avant la fin de l'année 2017, afin d'unir la fetwa en Algérie».