Comme à chaque fête de l'Aïd, les commerçants sont tenus de respecter leurs permanences au risque de sévères sanctions. Une hausse sensible du nombre des magasins ouverts a été constatée par les responsables du secteur. Selon eux, près de 100% des commerçants ont assuré leur permanence. Contacté, El Hadj Tahar Boulenouar, président de l'Association nationale des commerçants et artisans (ANCA), a indiqué que ce chiffre a été établi par rapport aux listes communiquées par le ministère du Commerce. Ainsi, en plus des commerçants mobilisés pour la permanence, 5 000 autres ont ouvert leur magasin. De la sorte, plus de 40 000 commerçants ont travaillé durant cette période. En outre, une hausse de 30% des prix des fruits et légumes a été constatée selon M. Bou-lenouar, faute d'approvisionnement des marchés par les agriculteurs. Selon lui, 4 745 boulangeries ont assuré leur permanence, avec 15 millions de baguettes de pain vendues. De son côté, Mustapha Zebdi, président de l'Association et de protection du consommateur de la wilaya d'Alger, a indiqué que la permanence a été assurée par la majorité des commerçants concernés. «Seulement nous avons enregistré trois principaux problèmes auxquels ont fait face et les consommateurs et les commerçants. Ils ont causé une grande défaillance», a affirmé M. Zebdi. Il s'agit, précise-t-il, du problème d'approvisionnement, de la hausse des prix des produits exposés et du manque de communication entre le commerçant et le consommateur. Au niveau d'Alger-Centre, à titre d'exemple, un déséquilibre en terme d'approvisionnement a été ressenti et cela malgré le grand nombre de commerçants mobilisés, pour assurer la permanence de l'Aïd. «Le consommateur a trouvé du mal pour s'approvisionner en pain et en lait au cours de l'Aïd», précise-t-il, ajoutant que «ceci est dû au nombre minime de boulangeries ouvertes les jours de fête, alors que l'on a constaté une défaillance dans la distribution de lait dans certains quartiers de la capitale». Pour notre interlocuteur, le manque de communication constitue également un réel problème, malgré le respect quasi total des commerçants envers la permanence exigée. «Le consommateur ne connaît pas chaque commerçant concerné par la permanence. Donc il se trouve parfois perdu à chercher les commerces ouverts à cette occasion " a-t-il estimé. Au sujet de la hausse des prix d'aliments de large consommation et des fruits et légumes, enregistrée à la veille de la fête, M Zebdi a indiqué que ceci, est principalement dû, au manque de contrôle. "Les pouvoirs publics doivent assurer une surveillance pour lutter contre cette forme de spéculation, qui prend de l'ampleur d'année en année" a-t-il dit. Le consommateur demeure la seule victime, selon Zebdi. Ce dernier préconise la mise en place de nouveaux mécanismes de contrôle et de surveillance, qui sont appelés à être sévèrement appliqués. "Il faut trouver des solutions rapides pour satisfaire le consommateur et le commerçant, afin d'éviter la pénurie des produits de base, lors des occasions religieuses". Pour les commerçants qui n'ont pas respecté la permanence, durant les deux jours de fête, ils risquent des amendes allant de 100.000 à 300.000 DA, selon la nature de l'activité exercée, et la fermeture jusqu'à un ou deux mois de leurs commerces. En cas de non paiement de l'amende imposée, le dossier du commerçant contrevenant sera soumis aux juridictions compétentes. Un suivi qui varie d'un quartier à l'autre Les commerçants qui étaient avisés par le ministère du commerce pour assurer la permanence durant l'Aïd el Fitr n'ont finalement pas tous respecté la «note ferme» de la tutelle. Un déséquilibre en approvisionnement en matières essentielles, pain, médicaments et produits d'alimentation générale et bien d'autres services a été constaté dans plusieurs quartiers de la capitale. Une sortie sur le terrain éffectuée par l'APS a constaté seulement quelques pharmacies ouvertes de façon équilibrée à travers les quartiers populaires d'Alger, à l'instar de Belcourt, Les Anassers, Vieux Kouba et Bordj el Kiffan, tandis qu'un petit nombre de boulangeries ont assuré l'approvisionnement en pain, alors que certains magasins d'alimentation générale se sont contentés de vendre le lait en sachet. Depuis la matinée de l'Aïd, les scènes des vendeurs ambulants prenant d'assaut les chaussées, ainsi que des citoyens qui se rabattaient sur les corbeilles de pain se sont rééditées après la fin de la prière de l'Aïd. A Bab Ezzouar, plus précisément au quartier Douzi, la boulangerie a baissé rideau de façon inhabituelle, et ce, après que ses propriétaires ont procédé à la distribution des quantités commandées de pain aux marchands ambulants venus avec leur fourgonnette pour les besoins de revente à travers les différents points de cette commune connue pour sa forte densité de population. Au quartier Mokhtar Zerhouni (cité les Bananiers), relevant de la commune de Mohmmadia, des magasins ont levé leur rideau, offrant ainsi aux clients plusieurs variétés de produits de large consommation, notamment les jus, les boissons gazeuses, l'eau minérale. En outre, de petits espaces ont été aménagés à l'extérieur des magasins pour vendre les jouets prisés par les enfants du quartier, a-t-on également constaté. Par contre, les magasins de la commune de Hydra sont restés fermés toute la journée, entraînant ainsi une quasi-absence du service minimum, que ce soit en produits de consommation, voire même les taxi-phones. En revanche, et contrairement aux autres quartiers de la capitale, celui de Belouizdad a connu une animation dense et l'ouverture d'un nombre considérable de cafétérias et salons de thé fréquentés par les habitants et les passants, ce qui a donné au lieu à un dynamisme qui a été égayé par les couleurs de l'équipe locale et par ce jour de fête. Il convient de rappeler que les services de la direction du Commerce de la wilaya d'Alger avaient annoncé la mobilisation de plus de 4600 commerçants de différentes activités et services pour assurer la permanence de Aïd El Fitr, et ce, parmi les 10 660 commerçants et opérateurs économiques exerçant à travers le territoire de la capitale. Pour le contrôle de ces commerçants, 192 agents de contrôle répartis sur 96 équipes d'intervention à travers 13 circonscriptions administratives ont été désignés. La mobilisation de ce nombre de commerçants réquisitionnés intervient en application de la décision du wali d'Alger N° 3431 du 6 juin 2017. Radia Choubane et Smail M.